Tentative de bilan...

Après donc 3 ans (et 12 jours), j'ai remis le pied à l'aéroport de Marignane où en plus de mi querida madre, m’attendaient 2 des autres zouaves qui étaient déjà là de 5 avril 2016, Élodie et son chéri Olivier.

je suis làààààààààà!!!!!!
3 ans après, c'est moi qui débarque :)
un abrazo de retrouvailles
Quelques jours plus tard, après un lavage bien mérité pour mes 2 sacs, j'ai décidé d'aller chercher les vêtements que j'avais laissés à la cave...

avant....
après
Et là quelle surprise! J'avais profité de mon départ pour faire le tri, mais pourtant j'en avais gardé des choses...

3 sacs + 3 caisses vs 1 sac à dos... ^^
des t-shirts, des chemisiers, des sarouels, des jeans....
En fait, après 3 ans à ne voyager qu'avec un sac à dos (bien rempli certes, et encore pas tant de vêtements), me retrouver avec « tout ça » fut vraiment un choc, et m'a même un peu miné le moral momentanément. Au déballage j'en ai profité pour faire un nouveau tri et donner quelques affaires que je ne mettrai plus pour sûr. Et si j'apprécie de mettre autre chose que mon pantalon-short et mes chaussures de rando, en 2 mois j'ai pas dû utiliser la moitié de ce que j'ai gardé! Jajajaja

Bref, maintenant, je reviens sur le voyage. Pour être honnête je sais pas ce que je peux écrire... En fait, je n'ai pas encore pris le temps de vraiment réfléchir sur cette aventure de 3 ans, pour en faire un bilan net et précis; ça viendra plus tard, quand je relirai intégralement ce blog, par exemple, car je ne me souviens pas de tout (d'où l'intérêt d'un blog).

On peut commencer par jeter un œil sur ce qui fut mon itinéraire, à sillonner 9 des 13 pays qui constituent ce continent sud-américain : Colombia, Ecuador, Peru, Bolivia, Paraguay, Argentina, Chile, Uruguay, Brasil !

itinéraire global
zoom sur la partie nord, en bus majoritairement
zoom sur la partie sud, à moto principalement
Maintenant je vais répondre aux 2 questions qui sont revenues le plus souvent au cours de ces 2 mois. Ou du moins tenter d'y répondre...

La première : quel a été mon pays préféré ?
Ce serait mentir que de te citer 1 et 1 seul pays. En général je dis l'Ecuador: j'y ai quand même passé 6 mois. Et c'est là où j'ai découvert que j'aimais la rando en haute montagne et ai fait des randos que jamais je n'aurais penser faire un jour. Et j'y ai découvert « mon » endroit favori, la laguna de Quilotoa où je suis allée 6 fois sans me lasser, et près de laquelle j'ai fait un de mesvolontariats préférés – qui m'a donné l'envie d'avoir un hostal/gîte d'étape un jour... Et puis c'est dans ce pays que ma môman est venue me rendre visite pour la première fois :D

MAIS chacun des 8 autres pays m'a aussi marquée et fait que je ne peux pas juste les classer aux rangs suivants. Par exemple, la Colombia: bien que ce fut le premier pays, que mon espagnol était vraiment basique et que je n'avais pas toute la confiance acquise en 3 ans, elle fut pendant longtemps mi favorito, grâce à ses habitants et leur amabilité sans limite, comme à Cantabara.

L'Argentina aussi : j'y ai passé 7 mois au total, contre toute attente. Si ce n'est clairement pas l'aspect culturel qui m'y a plu – trop d'influence européenne à mon goût, sauf dans le NOA que j'ai adoré – j'y ai fait de nombreuses et belles rencontres, découvert le mate et l’asado (2 belles traditions de partage), et j'y ai fait la majeure partie de mon périple avec Qispy (plus de 15000 km à moto, eh oui !).
Qispy que j'avais d'ailleurs achetée au Paraguay, petit pays qui n'était même pas au programme, mais où j'ai découvert encore un peuple chaleureux et généreux, le terere (mate froid), et où je regrette de n'avoir pu apprendre plus sur la culture toujours très vivante du guarani.

Avant le Paraguay, j'étais passée par la Bolivia, autre grande surprise, où j'ai côtoyé un peuple pas si fermé que ça (contrairement à ce que me disaient beaucoup de voyageurs croisés au Pérou), et que j'y ai vécu le Carnavald'Oruro, 48h de pure folie!

Le Peru justement, qui m'a un peu « déçue », dans le sens où je n'ai pas trouvé cela tant facile de m'éloigner du circuit touristique, la faute à mon peu d 'expérience - j'y étais pendant mes 6-9 premiers mois de voyage. Je me suis souvent sentie comme un portefeuille ambulant, et puis j’ai raté mon tête à tête avec le Machu Picchu... Mais j'y ai fait mes premiers gros treks sur plusieurs jours (SantaCruz, Colca, Cotahuasi), et y ai pris la meilleure douchenaturelle du monde.

Quel pays n'ai-je pas encore cité ?...
Le Chile, où je n'ai pas tant été marquée niveau culturel (mais il y a de quoi avec les Mapuche entre autres) et humain (j'y ai fait de belles rencontres comme dans chaque pays) mais où j'ai vu de jolis paysages très divers, et où j'ai décidé de mettre fin à mon aventure à 2 roues. Sans oublier mon escapade sur Rapa Nui où j'ai pu côtoyer les Moais!
Mais l'Uruguay n'est pas en reste car c'est là où ma môman est venue me voir pour la seconde fois, et où j'ai pu tester et approuver la pratique de l'auto-stop.

Et puis le Brasil qui pendant longtemps n'était pas au programme, mais qui fut une touche de fraîcheur pour cette fin de voyage. Notamment parce que j'y ai dû apprendre une nouvelle langue, et la culture est si différente d’avec les autres pays. En fait c'est tellement géant que chaque région a sa propre culture. Et dire que je n'en ai vu qu’une infime partie...

Au final je me rends compte que je n'ai pas envie de faire un classement : c'est tout un continent que j'ai aimé et qui m'a marquée :)

La deuxième question, très pratico-pratique, qu'on me pose c'est: combien ça m'a coûté ?
Là, je pourrais te balancer un chiffre (que j'ai), et basta. Pour certains ce sera une somme, pour d’autres pas tellement, tout est relatif... alors je préfère faire une comparaison.

Dis toi qu'en 3 ans, tout inclus (vols aller-retour, assurance voyage, équipement, moto, transport, dodo, activités, cotisation Workaway, frais bancaires...) j'ai dépensé moins que 2 ans et demi de loyer sur Marseille.
Ce que j’appelle loyer, c'est la somme pour juste avoir un toit et 4 murs autour de moi, sans bouffe, internet/électricité/charges, activités... Donc pour moins de 2,5 ans de logement dans ma ville, j'ai vécu 3 ans d'aventures extraordinaires. Pas mal, non ? :)

Je dois avouer que la première année je me suis peut-être un peu "privée" par moments, puis j'ai compris que même si j’étais en voyage c'était mon mode de vie, donc fallait pas que ça devienne frustrant, et à partir de là ce ne fut que meilleur. Pour autant, je n'ai beaucoup plus dépensé par mois en moyenne (oui, j'ai le chiffre aussi, si ça t'intéresse).

Si je m'en suis sortie comme ça, c'est parce que j'ai misé sur Workaway:  je ne me déplaçais que de volontariat en volontariat, ce qui en fait une bonne quarantaine au final. Et qui te permet de réaliser au passage que mon voyage ce n'était pas des vacances ;)
Workaway a été un des meilleurs investissements de tout ce voyage : outre les économies réalisées sur le logement (et la bouffe souvent), j'ai appris un tas de trucs - et je suis revenue bien plus débrouillarde – et surtout j'ai fait de magnifiques rencontres.

Les rencontres qui mériteraient bien plus qu'un post (un livre?), à elles toutes seules. Qui clairement resteront le plus marquant et les plus beaux souvenirs, et ont donné à ce voyage une véritable dimension humaine ; certainement plus qu'une mission humanitaire à laquelle je songeais avant de quitter mon boulot.

Et maintenant, je vais faire quoi ?
Déjà, dans quelques semaines je pars pour 3 mois dans les Hautes-Pyrénées faire la saison comme serveuse polyvalente au pied du cirque de Gavarnie, une nouvelle aventure.
Et à plus moyen-long terme, je n'en ai aucune idée ! Le retour se passant bien et n'étant pas si « violent » jusqu'à présent – j'avais quitté un pays où je ne me sentais pas bien en 2016 - la perspective d'un autre voyage lointain n'est plus autant d'actualité pour le moment. Et puis j'ai toute une liste de possibilités à explorer, à voir vers où la Vie me poussera..

Bref, je commence à me perdre dans mes réflexions... vraiment pas facile de faire un bilan sur 3 ans, tu l'auras compris.

Mais ce que je sais c'est que ce voyage fut la meilleure chose qui me sois arrivée jusqu’à présent et qu'il m'a fait évolué, ou plutôt m'a permis de devenir plus moi-même (sans faire de philo de comptoir).
Je n’aimais pas qu'on me dise que j'avais de la chance de pouvoir faire ça – j'ai fait le choix de sortir de ma zone de confort – mais pour autant je ne comprenais pas qu’on me dise que j’étais courageuse; car je ne faisais rien de si risqué à mes yeux, sinon vivre d'une manière qui me rendait véritablement heureuse :D

Bref : MUCHAS GRACIAS SURAMERICA ! HASTA LA PROXIMA !

Brasil – Fortaleza, fin de l'aventura !

Après un bus de nuit vers Salvador depuis Lençois, toute une journée de transit dans la capital baiana (c'est long), et 23h de bus, j'arrive à Fortaleza, Ceara, où j'ai trouvé un couchsurfing chez Leonardo.


Premièrement, retour à Salvador où j’ai besoin de m'occuper pendant 13h. On m'a avait parlé de la feira de São Joaquim, grand marché plus typique que touristique. Ayant en tête les mercados peruanos/bolivianos, je m'étais imaginé y déambuler toute la journée ; mais au bout de 2h, j'en avais assez! 

extérieur du pavillon "poisson" du marché
Il est 11h, mon bus part à 20h, pfiouuuuu... Un petit coup d’œil sur maps.me et je vois que je ne suis qu'à 4 km de la fameuse igreja do senhor do bonfim. Je ne suis pas du tout croyante, mais assez curieuse d’aller voir à quoi ressemble cette église si connue et emblématique de Salvador.
Toi aussi tu en as peut-être déjà entendu parlé indirectement si tu as déjà vu ces petites bracelets en tissu bien colorés estampillés « bonfim da bahia ». C'était à la mode il y a quelques années, car soi-disant porte-bonheur.


Du coup, tu as plein de vendeurs ambulants sur la place – j’ai failli en acheter car j'aime bien les couleurs, mais je ne veux rien donner à l’Église même indirectement - et plein de rubans accrochés sur les grilles à l'entrée de l’église.


Je suis tombée en pleine messe, et j'y suis restée par curiosité... et pour m’abriter de la pluie, en toute honnêteté !
Quand l'averse a cessé, j'ai décidé d'aller vers la mer, où j'ai assisté de loin à quelques matchs  de foot-volley.



Bon, la fatigue se fait sentir, il commence à faire chaud, donc malgré les nombreuses heures qui me séparent du départ de mon bus, je décide de retourner au terminal, où je mettrai à l'épreuve ma patience, une fois n'est pas coutume :)

pas loin du terminal: ça ressemble à tout sauf une église pour moi...
Par chance encore une fois, je n'aurai pas de voisin de siège, donc ce dernier long périple sera plutôt confortable. Et donc après 23h, j'atteins le terminal de Fortaleza où le gars de l'accueil a été incapable de m'indiquer quel bus prendre pour me rendre dans le quartier de mon couchsurfing! N’ayant pas Uber – très populaire au Brésil – j'opte pour l'option à l'ancienne du taxi car j'ai qu’une envie arriver, prendre une douche, et me reposer. Je n'avais pas réalisé que la maison de Leornardo était si loin du centre ; à l’arrivée, je suis accueillie très chaleureusement par sa maman, Socorro.


Après une bonne nuit de sommeil, j'ai pas fait grand chose le dimanche vu la forte pluie quasi continue.
Le lundi c’était déjà mieux, et de toute façon je vouais à tout prix aller au mercado central afin d’acheter un joli hamac comme souvenir. C'est assez commun ici de l'utiliser comme couchage, et d''ailleurs j'ai dormi pendant 3 nuits dans un méga hamac chez Léonardo; c'était plutôt confortable, si t'as la bonne technique pour t'allonger.

Mon hamac acheté et 2 beijus plus tard (une comida rapida typique), j'ai décidé d'aller voir un peu la mer. Je suis venue, j'ai vu et... j'étais pas convaincue, jaja.

je ne sais pas s'ils fonctionnaient encore



Bref, le lendemain, on est le mardi 16 avril, et ça y est c'est le dernier jour de mon périple ! Après 3 ans et 11 jours à sillonner les routes de 9 pays, dans un peu plus de 24h je poserai à nouveau le pied sur le sol français... aaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ^^

Combien de fois j'ai croisé des voyageurs me disant qu'ils se sentaient bizarres à l'idée de rentrer chez eux après 3 mois, 6 mois, 1 an de vadrouille; alors je me demandais comment je me sentirai, moi ? Et ça y est, j'y suis: j'ai du mal à réaliser.
Si quelques fois j'ai ressenti une sorte d'angoisse négative, cela fait un moment que je suis OK avec l'idée de terminer cette merveilleuse aventure, et plutôt contente de rentrer (ce qui n'était même pas une option le jour de mon départ, je tiens à préciser) et revoir ma môman – ça faisait que 4 mois qu'on s'était pas vues – ainsi que Elodie et son copain Olivier, et ma belle ville de Marseille! :D

Je tenterai de faire un ultime post "bilan", histoire qu'on ne se quitte pas là, comme ça, de manière brutale ;) Mais patience...

Brasil – Chapada Diamantina : Lençois, ou garder son âme d'enfant

Après les 5 jours dans le Vale do Pati, je mets le cap sur Lençois, autre entrée du parc, pour ce qui sera le dernier volontariat de ce voyage.
Je suis entrée en contact avec Olivia, anglaise, venue en mode mochileira 25 ans en arrière...et jamais partie, ou presque ! Elle s'est mariée avec un brasileiro, a eu 2 enfants, et a dirigé un hostal pendant 20 ans.

En temps normal, elle reçoit les volontaires dans sa fazenda, située à 65km de là, mais vu que les enfants vont à l’école, elle me dit que je pourrai aider avec le projet social qu’elle à créé pour le quartier défavorisé où elle vit : Casa Grande.
Un lieu où les gamins du coin peuvent venir pour se divertir, apprendre et fuir les ambiances pas évidentes de leur maison. C'était pas une favela comme on l'imagine à Rio, mais Olivia m'a confirmé que c'était tout comme, la tranquillité en plus : une véritable immersion dans la vie brésilienne, pour mes derniers jours, intéressant.

Je ne voyais pas comment j'allais pouvoir aider à l’association – à part peut-être du soutien scolaire – mais Olivia m'a vite trouvé un chantier, c'est le cas de le dire, où officier. Récemment elle a acheté un petit terrain vague située derrière la casa, qui était à l'abandon durant x années et s'était donc transformé progressivement en jungle-décharge ! Les gens sont sales, c'est hallucinant : ça commence à jeter, et puisque a priori ça ne dérange personne, on continue.

Ma mission : nettoyer du mieux que possible le terrain pour que les jeunes puissent venir en profiter pour se réunir, jouer sans se blesser avec les bouts de verres/briques éparpillés (installation d'une blackliste prévue prochainement). Et je peux te dire qu'il y en a du boulot: jamais je n'aurais imaginé collecté autant de détritus !
Je pense qu'on a rempli 12 sacs facilement, sans compter les objets insolites du genre cadres de vélo (3), planches en tout genre, pneus, lunette de WC, évier... j'étais sidérée, surtout quand je me disais que là ce n'était qu'à l’échelle de quelque maisons, alors ça donne quoi au niveau mondial ? Pauvre Pachamama, on est vraiment en train de l'amocher :( :(

Bref, je regrette de ne pas avoir pris de photo avant, mais le résultat au bout de 4 jours était celui-ci.

la partie du fond ne sera vraiment pas facile à nettoyer :s
Le top c'est que durant 2 jours certains gamins sont venus prêter main forte et donc on a pu avancer bien plus vite. Et ils ont même pris l'initiative d'un peu continuer seuls le samedi: Olivia était contente de voir qu'enfin ils commencent à se responsabiliser et prendre soin de ce qui sera à eux ; le fruit d'années de travail à Casa Grande grâce à elle et les bénévoles :)

ces 3  là auront bossé très dur pendant 2 matinées

Comme récompense et motivation, le dimanche aprem on a sorti a cama elastica : ce fut émouvant et gratifiant d'observer ces jeunes (12-13 ans max), qui ont du grandir trop vite, redevenir des enfants heureux de sauter sur un trampoline. Et ça a été une motivation pour continuer le travail le lundi/mardi :)

photo Olivia
J'ai ensuite profité de la visite de la cousine d'Olivia, venue en famille tout droit depuis l’Angleterre, pour partir en rando avec eux, à la découverte de quelques cachoeiras proches de la ville. C'était une sortie bien sympa, surtout qu'on a pu se rafraîchir souvent :

Lençois, entre eau et mata
poço Halley



cachoeira da Primavera
cachoeira Paraiso
Cachoeirinha
Le lendemain je voulais atteindre la cachoeira do Sossego, mais les récentes pluies ayant gonflé les cours d'eau cela n'était pas possible de traverser et s'aventurer selon mes 2 jeunes "guides" ; j'aurai donc besoin de revenir !

on n'ira pas plus loin :(

Ribeirão do meio
Voilà pour mes 10 jours au coeur de la Chapada Diamantina qui restera parmi mes endroits préférés et où j'aimerais beaucoup retourner un jour.Et si tu passes par l'état de Bahia, penses-y ;)

Désormais il est temps de mettre le cap sur Fortaleza, d'où je décollerai en direction de la France dans quelques jours, aie aie aie !

Brasil – Chapada Diamantina : 5 jours au cœur du Vale do Pati

Bon, je te le dis de suite, il n'y aura pas beaucoup de photos car je me suis pas méfiée et les piles de mon appareil ont lâché au bout du 2e jour, et j'en avais pas en stock (alors que quand c'est une batterie, je me fais plus avoir). J'en suis désolée pour toi d'avance, il faudra que tu ailles voir sur place directement ;)
Si quand l'appareil s'est éteint j'ai ressenti un peu de colère, c'est vite passé car j'y ai vu là l'occasion de vivre à fond ma rando pour moi, très égoïstement, sans penser à quelles photos j'avais besoin de prendre pour illustrer mon post. Bien sur que moi aussi je n'aurai pas le souvenir physique, mais c'est quelque part dans ma mémoire; et comme souvent aucun cliché ne rend vraiment la beauté réelle des lieux car c'est un tout qui y contribue. Alors pas de regret ;)

Mon récit et le peu de photos ne te feront pas t'évader autant que ce que j'ai ressenti en vrai et ne convaincront peut-être pas, mais je t'assure que ce trek au cœur du Vale do Pati vaut vraiment le coup (et le coût), et si tu as l'occasion un jour de le faire, ni dudes amig@ !
Dire que je ne comptais même pas passer par la Chapada à la base...

Jour 1: Capão – casa da dona Lea  
Je retrouve Adelson à 8h30 et on part en moto (lui avec la sienne, moi en moto-taxi) vers Bomba, au bout du Vale do Capão, où passe un rio qui marque le début de l'aventure.
Si je n'ai que mon sac de 30 litres mais dont le poids ne variera guère au cours des 5 jours (justes quelques snacks vont disparaître, le reste c'est des habits, de l'eau) celui d'Adelson est super chargé (dans les 18kg) puisqu’il a des provisions pour quelques jours et du matos. Mais je vais constater que ce ne sera pas un handicap pour lui vu la vitesse à laquelle il marche, peu importe le terrain : un vrai cabri !

banane cuite et pressée, une bonne dose d'énergie (et sucre)
Adelson montre la cadence!
On commence par grimper pour sortir du Vale do Capão et traverser le plato gerais do vieira où le vent nous souhaite la bienvenue :

on laisse le Capão derrière
plato gerais do vieira
Après 2h30 on arrive au poço dos cristais où la baignade sera très agréable histoire de se rafraîchir – Adelson m'a confirmé que tous les jours nous passerons par des poços/cachoeira pour faire trempette, beleza! :) Un casse-croûte et on repart à l'assaut du plato gerais do rio preto, avec vue sur les plusieurs morros marquant l’entrée dans le Vale do Pati


poço dos cristais
morro Manoel Vitor
en route vers le morro Branco do Pati
Si ça a été relativement plat jusqu'à présent les derniers km se feront sentir à descendre par un petit sentier bien pentu (pas très glissant par chance), puis une remontée, et une redescente pour enfin arriver à la casa da dona Lea, au pied du morro do Castelo.

tu vois les maisons sur la gauche? parait qu'il y a même une petite église
nous il faudra qu'on suive ce chemin en bas, et passe derrière la colline
casa da dona Lea, au pied du Castelo baignant dans la lumière su soleil couchant
Nous y ferons la connaissance d'autres randonneurs dont Irina et Janina (Suisse) guidées par Pedro, avec qui nous partagerons les excursions des 2 prochains jours (et donc à qui j'ai pu piquer des photos).
Le petit bain dans le rio pour terminer cette première longue journée fut agréable, en attendant le délicieux dîner bien mérité: 22 km et des paysages déjà bien beaux :)


Jour 2: Morro do Castelo et cachoeira dos Funis

Après une bonne nuit, un super café da manha (pão de queijoooooooo!!!!), nous partons à l'assaut du morro do Castelo.
J'ai voulu immortaliser la pente à affronter et les pierres à grimper... ce qui sera mon dernier cliché ! Nooooooooooooooooooooooo !!!! Mais, comme je t'ai expliqué, ma frustration s'est vite dissipée, et j'ai décidé de mettre l'appareil au fond du sac et me concentrer sur MA rando, tant pis pour les photos.

et Adelson qui est aussi à l'aise sur plat qu'en montée ^^
Nous ne sommes pas allés jusqu'au sommet du morro, mais nous sommes arrêtés à 2 mirantes, dont un auquel on accède en traversant une grotte. À un moment nous avons fait une pause dans l’obscurité la plus totale, et c'était une sensation assez étrange : avoir les yeux et oreilles bien ouverts et ne rien percevoir pour autant.

oui c'était beau comme ça -photo prise sur le site expedicaoandandoporai
Après avoir profité de la vue magnifique, une descente assez soutenue et un peu de marche le long du rio, nous arrivons à la cachoeira dos funis pour un bain et un picinic bien mérités.

photo prise sur le site calangotrekking
Seulement 12 km mais beaucoup de dénivelé avalé, et ce n'est que le 2e jour... les étirements sont incontournables si je veux pouvoir réussir à me lever demain ! ^^


Jour 3 : casa da dona Lea – Cachoeirão por cima – casa do Domingos

Ce matin, ça commence fort avec l'ascension du morro do Sobradinho, à travers la mata humide et glissante, d'où on aura une belle vue sur le morro do Castelo. Mais notre petit groupe a un bon rythme de marche, car il ne nous a fallu que 1h30 pour avaler le dénivelé et atteindre le Vale do Cachoeirão.

coucou le Castelo - photo Janina/Irina
vale do Cachoeirão - photo Irina/Janina
Nous arriverons enfin au Cachoeirão qu'on observera du dessus (por cima) : il n'y a pas beaucoup d'eau, mais c'est sympa d'observer comment l'eau change de forme au fil de sa chute, ondule, remonte. Et dire que demain, moi, je serai en bas ! Et je ne le sais pas encore mais ce sera un spectacle fabuleux et très différent...et qui se mérite !

ici aussi c'est mieux de se coucher pour observer - photo Janina/Irina
demain, je serai au niveau du petit bassin tout en bas - photo Janina/Irina
demain y aura beaucoup plus d'eau... - photo Irina/Janina
Après le picnic nous nous séparons de Irina, Janina et Pedro qui rentrent sur Guiné – le circuit minimum recommandé c'est 3 jours - puisque nous descendons au cœur de la vallée pour aller dormir chez Domingos, qui vit dans un cadre idyllique. Toute l'année, tant d'isolement ça doit pas être marrant tous les jours certes (confirmé par Domingos), mais de passage c'est parfait pour se remettre de ce 3e jour avant le prochain.


Jour 4: Cachoeirão por baixo - casa da Prefeitura

Jusqu'à présent la météo a été sympa, et la pluie ne s'invitait que la nuit... mais ce matin ça tombe au réveil. N’ayant pas beaucoup de km à faire,on peut se permettre d’attendre un peu pour voir si on peut tenter le Cachoeirão par en-bas (por baixo).

Par chance vers 10h ça s’arrête - de la chance ? Vraiment ?... -  et on part le long du rio : ce sera pas évident car en passant par la mata, beaucoup de pierres sont très glissantes. Puis quand on quitte le bois, on commence à crapahuter sur des roches énormes : Adelson est un très bon athlète, et malgré son grand sac - moi je n'ai rien, j'ai laissé chez Domingos - il nous improvise un chemin pour accéder au pied de la cascade, au niveau du poço qu’on voyait tout petit d’en haut la veille. Et l'avantage de la pluie , c'est que aujourd’hui il y a de l'eau, et même beaucoup d'eau : c'est un tout autre lieu que ce que nous avons surplombé hier; magique, tout simplement (dommahe que les photos soient de basse qualité, mais déjà y en a!)
Et malgré le vent, j'ai plongé avec plaisir histoire de me recharger en énergie: je crois que ce sera la meilleure baignade des 5 jours.

hier il n'y avait même pas 1 chute d'eau - photo Adelson
être au pied de toute ces chutes était simplement magique, incroyable :D - photo Adelson
aujourd'hui il y a de l'eau! (remonte 3 photos en arrière) - photo Adelson
Je n’étais pas du tout à l'aise pour crapahuter sur les roches, en faisant attention de pas me casser la gueule, et même si pour lui c’était bien facile – un cabri je te dis ! - Adelson a fait en sorte de trouver des chemins pas trop difficiles.

Après en avoir fait le plein d'énergie et pris plein les mirettes, on repasse par la casa de Domingos où on récupère nos affaires, et cap sur Prefeitura, où une casa de apoio sera notre refuge pour la nuit. Cette fois pas d’hôte pour nous faire le jantar et café da manha, mais nous retrouvons 1 jeune brésilien et son guide ainsi que le « garde » de la casa, pour partager la soirée (enfin à 21h j'étais au lit, jaja).
On est au pied du morro do Castelo, et enfin j'en comprends le nom : de cet angle, cela ressemble vraiment à la tour d'un château fort.

photo trouvée sur tripadvisor
Au bilan, 15 km pas faciles, mais certainement mon jour préféré pour ce spectacle inattendu au pied du Cachoeirão. Très peu de personnes le font car il faut rester au moins 4-5 jours et avoir la condition: même si mes jambes souffrent par moments, je ne regrette vraiment pas de m’être engagée sur cette durée.


Jour 5: Casa da Prefeitura – Capão

Pour ce dernier jour, la pluie qui a rempli le rio nous empêche de réaliser l'itinéraire initialement prévu par la cachoeira do Calixto. Mais c'est pas bien grave si nous n'en voyons pas aujourd'hui : le spectacle offert la veille compense. Et puis je commence à fatiguer, et va falloir tenir car ce sera quelques 23 km qui nous attendent pour renter jusqu'à Capão.

Étant au fond de la vallée j'ai compris que ce serait pas plat, mais c'est pas le plus gênant le pire ce sera la boue/l'eau rendant la progression peu évidente, et, disons-le, chiant. Honnêtement pendant 2h30 je n'ai pas du tout kiffé la rando, à trop me concentrer sur mes pas pour éviter la glissade et de trop me tremper les chaussures :s
Mais ça fait partie du jeu, et j'étais contente (et bien plus rapide) quand nous avons retrouvé un terrain presque sec.

En arrivant à Bomba, je me suis pris un açai plus que mérité (pas le meilleur malheureusement), et j'étais heureuse et fière de l'effort que je venais de réaliser : d’après les estimations d'Adelson, on aurait fait dans les 87 km, et pas que du plat, ni que du sec !
Et si tu ajoutes les km marchés vers Riachinho et Fumaça, j'aurais donc marché plus de 110 km en 1 semaine ! Sans vraiment trop en souffrir – ça aurait pu être pire – et surtout j'ai adoré. Quel bien fou de marcher dans la nature, et de piquer une tête dans tant d'endroits sauvages loin des foules.

Bref, vraiment je me suis fait un beau cadeau et suis très reconnaissante à Adelson pour m'avoir fait ce circuit soutenu – mais il a estimé que je pouvais le faire – me permettant de profiter un max du Vale do Pati.

Désormais cap sur Lençois où je ferai mon dernier volontariat.