Bien que la vereda de
Cantabara soit perdue au milieu de nulle part – il a fallu rouler
plus de 45 minutes à moto, sur une piste souvent digne d'un
Paris-Dakar, pour rallier le pueblo d'Aratoca à la casa de mes hôtes
– j'ai passé une semaine super chévere ! Déjà le cadre était
super sympa :
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pendant la marche du smaedi matin à 6h |
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depuis chez un vecino |
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sur la route depuis Aratoca |
Et comme
c'est avant tout une histoire de rencontres et de partage avec des
personnes muyyyyy amables,
muyyyy generosas, je
préfère te présenter chacun de mes hôtes et ce qu'il m'a
transmis, plutôt que faire du jour après jour...
Les premiers
que je te présente sont le señor Antonio et la señora
Rosa, amigos de William (Socorro), qui m'ont « hébergée »
et nourri toute la semaine:
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Antonio y Rosa |
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leur casita |
En fait, j'ai squatté la
casita d'une vecina qui était absente (et que je
n'aurai pas l'occaz de remercier de vive voix car je ne l'ai pas
rencontrée), mais tous mes repas je les partagés soit avec eux,
soit avec des vecinos :)
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"mi" casita pour la semaine |
Vecinos que Rosita
s'est empressée de me présenter dès mon arrivée le vendredi
aprem, afin que je me sente chez moi dès le début. La première que
j'ai croisée c'était Saray, qui vit à 50m de chez Rosita et
Antonio, et chez qui j'ai pris desayuno, almuerzo et où j'ai
appris à faire du chocolat maison !
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Saray qui récolte du cilantro pour agrémenter le caldo du matin |
Yep, dès le samedi j'ai
été mise dans l'ambiance « on fait tout maison en el
campo » (et ça, c'est muy chévere!), dont la
préparation de bolitas de chocolate à partir des fèves de
cacao, à toaster pour les peler plus facilement.
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fèves à toaster (g.) et en plein toastage (d.) |
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en pleine action ^^ |
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Saray y Rosita |
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session pelage avec Rosita |
Une fois pelées, faut les
passer au moulin – le même que pour faire les arepas, faut
vraiment que je m'en achète un ! - afin d'obtenir une pâte à
partir de laquelle on va former les bolitas. Le truc c'est
qu'il faut mieux se lancer quand il fait beau/sec, sinon les bolitas
ne sèchent pas bien et risquent de pourrir, et vu le temps qu'on a
mis a les faire ça aurait été dommage !
Du coup
l'étape moulin + formation des bolitas, ne s'est faite que le
mardi matin : t'imagines, j'ai dû attendre 3 jours avant
de connaître la suite du process, et même 4 avant de déguster
« mon » chocolate maison !
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Rosita qui consolide le support du moulin |
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en train de me faire les bras |
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après le 1er passage au moulin |
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panela et pâte obtenue après un 2e moulinage |
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mieux que la pâte à modeler |
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résultat: une centaine de bolitas! miam miam !!! |
Et à ce qu'il paraît, le
chocolat c'est bon pour la peau alors en prime j'ai gagné un gommage
maison !
En tout cas, notre
chocolate maison était super rico : même pas
besoin de lait, simplement tu délayes les bolitas dans de
l'eau bouillante agrémentée de quelques morceaux de panela,
et tu te régales !!! Ou tu peux aussi manger les bolitas
comme ça : ça doit être du chocolat à 85-90%, et c'est pas
mauvais, faut s'habituer :)
Sinon le
climat du coin est idéal pour la culture du café, entonces j'ai
eu l'occasion d'en récolter chez d'autres vecinos, don
Julio y su esposa Eudosia, entre 2 sessions de pluies
torrentielles torrentielles :
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on ne récolte que les pepitas rouges |
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au travail! |
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bilan de notre récolte après 1h30 |
Et quand je suis passée
le samedi matin pour un dernier au revoir, don Julio a mis en marche
la despulpadora qui
permet de séparer le grain de la pulpe+enveloppe :
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pepitas fermentées pour faciliter l'extraction du grain |
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don Julio réglant la machine (la seule photo que j'ai pu avoir de lui) |
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les grains sont expulsés sur la gauche et pulpe+enveloppe sur la droite |
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grains de café tout nus! |
Entre temps j'ai pu goûter
la cuajada con melao de panela - on ne repart jamais le ventre
vide à Cantabara, j'ai le compris et apprécié tout au long de ma
semaine – et j'en ai appris pas mal sur l'histoire de la Colombia
grâce à la sœur de Eudosia:
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Eudosia et sa soeur (et les perritos) |
Une fois que le grain est
séparé du reste, tu le mets à sécher (tu en profites pour trier
et enlever ce qui ne va pas), puis tu le toastes et enfin tu le
moulines (t'as deviné avec quoi, je suppose!) :
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grains à toaster (g.) et toastés (d.) |
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Rosita avec Yerli qui mouline sa récolte de café |
J'ai également appris à
faire de l'huile de coco grâce à Rosita et Yerli justement,
et ça c'est cooool car je suis trop fan de cette huile ! C'est
pas si compliqué, c'est juste long.
Et c'est en écrivant
ces quelques lignes que je me rend compte que je n'ai pas pris de
photo pendant cet « atelier »... du coup, je vais pas te
décrire le process, mais sache que je sais faire, donc quand je
reviens je pourrai t'apprendre si ça te dit (hein M'man!).
Avec Yerli,
outre des almuerzos muy ricos et autres aguapanelita/jugito,
j'ai pu (re)goûter les fameuses hormigas culonas, et même
plus: j'ai découvert ce qu'il se passait entre la récolte et la
dégustation! En fait j'ai participé au charnier qui consistait à
leur arracher la tête (sans se faire mordre!) et les ailes :
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vise un peu les mandibules! ça fait mal, crois-moi! |
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bilan du combat: nous 1-fourmis 0! |
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les ailes et têtes que j'ai arraché, mouahahahahahahhahahah! |
Et pour voir ce que ça donne en direct, c'est par là.
Autant
la 1ere fois j'avais pas trouvé ça fameux, autant toastées avec un
peu d'huile et du sel, bah je dois reconnaître que c'est presque bon
ces bestioles (bien que ma tête dise le contraire) :
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ça remplace les cacahuètes |
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je les ai mangées! |
Mais
la señora Yerli m'a réservé une autre surprise : j'ai
découvert comment se travailler le fique,
une plante du coin, qui est utilisée pour la conception
principalement de costales,
les sacs pour transporter les patates
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1ere étape: démêler le fique pour le rendre plus souple |
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2e étape: raccorder le nouveau fique à l'embobineuse |
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Yerli à l'oeuvre |
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bobines de fique qui seront utilisées pour tisser les costales |
Et
le vendredi midi, à l'occasion d'un almuerzo
chez le proprio de la casita
de Rosita, j'ai vu une machine artisanale à tisser le fique
(ça m'a l'air tout aussi compliqué que le sombrero
en nacuma) :
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démo par le proprio de Rosita |
En
ce qui concerne Rosita, bien qu'elle avait plein de trucs à faire
niveau « jardinage », la pluie nous a bien empêché d'en
réaliser une bonne partie. Mais j'ai quand même pu l'aider pour
préparer un parcelle pour planter des aromaticas,
et ce de manière 100% organica
(super intéressant) . Voici quelques étapes :
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couche de carton humide |
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couche de feuilles mortes |
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couche de terre puis couche de feuilles vertes |
Et
quelques jours plus tard, tu peux faire tes boutures :
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toute seule comme une grande... |
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... mais sous le regard attentif de Rosita |
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et voilà le résultat: une dizaine d'aromaticas plantées :) |
Je
me suis également battue avec une racine de citronnier pendant
facilement 1h, afin de faire de la place pour une autre parcelle –
j'ai finalement dû me résigner à la couper, mais je suis quand
même fière d'avoir enlever ça (et sans besoin d'un hombre,
non mais!) :
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je l'ai eue!!! |
Voilà
pour mon apprentissage auprès des personnes que j'ai côtoyées le
plus souvent – Rosita, Antonio, Saray, Yerli - et avec qui j'ai
même pu partager un apéro d'au revoir le vendredi soir :
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apérooooooo!!!!! |
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Antonio, Rosita, Yerli qui se cache derrière Saray, José-Abel (mari Yerli) et le fils de Yerli |
L'occasion
pour moi de les remercie pour leur générosité, leur hospitalité,
à coup de regalitos sucrés.
Parce
qu'à Cantabara, dès que tu mets les pieds chez quelqu'un on te
nourrit/on t'abreuve, et pas avec quelques miettes de pain ou un
verre d'eau :c'est un truc de ouf le sens du partage qu'ils ont
dans ce coin de Colombie. Que tu sois de passage ou parce que tu
effectues des travaux chez eux, dans les 2 minutes qui suivent ton
arrivée, tu peux te retrouver avec :
-
un "desayunito" plus que complet : alors
que je ramenais l'imper prêté par don Julio, Eudosia m'a servi
caldo (la soupe qui se mange tout le temps ici), un chocolate
et une arepa
-
une aguapanelita ou un jugito ou une limonada
avec quelques saltinas/arepas
En
prime tu repars rarement les mains vides : ce que cultivent les
gens, ils te le donnent le plus souvent ! C'est comme ça que de
toute la semaine, j'ai quasiment pas utilisé 1 peso (à part quand
je suis descendue à Aratoca) et Rosita non plus. Et pourtant on a
bien mangé, sain et rico !
Le
samedi, en allant rendre visite à la señora Mercedes, Rosita et
Saray sont reparties avec oignons, salade, platano, carottes
sans débourser le moindre peso !
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à travers les pieds de café |
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et c'est pas la seule 4L que j'ai croisé jusqu'à présent. Renault a un succès fou ici! |
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le flash c'est moche, mais au moins tu vois les belles couleurs |
Idem
le mercredi, avec Rosita on est passées voir d'autres voisins, et on
est reparties avec un régime de platanos gratos ! Et y a des
jours où j'ai eu l'impression d'être un estomac ambulant, parce que
j'allais pas refuser ^^
Bref,
malgré quelques « petits » points négatifs (cf autre
post), j'ai passé une semaine muy chévere à Cantabara, et
je pense que je m'en rappellerai un long moment, si c’est pas
toujours. Ça fait peut-être qu'un mois que je suis en Colombia,
mais je crois que cet endroit fait déjà parti de mes favoritos,
et j'aimerais beaucoup y retourner à la fin de mon périple...
Et
j'étais franchement triste de quitter ces personnes qui m'ont ouvert
bien plus que leurs portes...
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