Qispy, fin de l'aventure à 2 roues!

Tu peux penser que la fin a été brutale, et ça l'est. Mais ça faisait quelques temps que je commençais à songer à la vente de Qispy et le climat n'a fait que précipiter les choses en m'empêchant de réaliser l'itinéraire prévu.

J’explique souvent que j'avais pas voulu trop investir au cas où je devrais laisser Qispy en rade sur le bord de la route algun dia... C'est pas pour une raison mécanique, et je la laisse entre les mains d'Ivan sans en tirer un peso, mais c'est comme ça: je choisis de poursuivre mon aventure, tant pis pour ma retraite anticipée ! Jajaja

Malgré les avantages que procure la moto, comme...
- la sensation de liberté : plutôt évident, non ? Et même si je me suis auto limitée avec mon appréhension du ripio, j'ai pu aller dans des coins pas si facile d'accès sans son propre véhicule 
- les paysages : de rouler m'aura donné l'impression de plus connaître un pays que si j'avais parcouru les mêmes routes en bus. 
Par exemple, j'ai vraiment expérimenté la pampa argentina et le fameux viento patagonico! Et depuis Valpo à SPA ça m'aurait duré 1 bus de nuit et non 6 jours... mais je n'aurais pas pu profiter de l'ambiance spéciale du désert d'Atacama :)

- les rencontres : paradoxalement, j'ai beaucoup plus engagé de conversations avec des inconnus (forces de l'ordre inclus), intrigués par una chica voyageant sola avec une moto paraguaya, que lors de trajets en bus. 
- la camaraderie motarde : du simple salut sur la route à l'hébergement gratuit chez des motards du réseau MAI , en passant par les récits inspirants et conseils précieux 
- l’expérience, la confiance: après 15000+ km seule, je pense que j'ai engrangé une petite expérience et de la confiance non négligeable pour mon futur road trip :)


… après 8 mois hors du Paraguay, la fatigue, physique et « morale » on va dire, commence à vraiment prendre le dessus.
Physique, c'est plutôt facile à comprendre, en moto tu ressens tout : chaud, froid, vent, pluie... et même avec des conditions météo idéales, c'est crevant de rouler 300-400km à un max de 90 km/h. Entre le temps total de mon voyage et la moto (et l'âge ?! jajaja), ça fait quelques mois que je suis bien plus fatiguée, pour autant je ne veux pas arrêter, mais il faut savoir s'écouter.

« Morale » c'est que je commence surtout en avoir marre de me préoccuper de :
- l'itinéraire : en général, en Argentina et Chile les noms de rue, les villes sont bien indiqués mais ça m'a pas empêché de tourner en rond parfois 
- l'état de la route : un tronçon de ripio bien dégueu va-t-il surgir de nulle part?! Surtout pour atteindre certains volontariats en el campo... 
- l'essence: aurais-je assez avec mon bidon de 5litres pour atteindre la prochaine gasolinera???
- climat : je n'ai pas beaucoup changé de date de voyage à cause de ça, mais j'ai stressé à cause de rafales de vents, de nuages bien noirs au loin, j'ai pesté sous la pluie, j'ai sué et ai frissonné en l'espace de quelques km dans le désert...
- faire la maintenance régulière : ce dernier point est primordial pour ma sécurité, mais franchement ça devient chiant de faire la pression des pneus (surtout quand ils t'ont foutu la valve entre 2 rayons, donc tu galères pour fixer le tuyau), vérifier et faire la tension de chaîne, lubrifier la chaîne (surtout quand t'as pas de béquille centrale), vérifier le niveau et changer l’huile moteur... C'est pas grand chose c'est vrai, mais il faut penser à le faire.
Et puis même si après 10 000km, le mécano de Bariloche m'a dit qu’elle était en super état ma Qispy - justement parce que je l'entretenais bien, héhé - et que jusqu’à présent je n'ai eu aucun souci mécanique grave, à partir de 15 000km ça risque de plus être pareil, surtout en passant par des hautes altitudes....
Certes ça aurait été la meilleure façon d'en apprendre plus en mécanique (ce que je veux), mais là je pense que je n'ai plus assez la motivation pour relativiser les choses et en tirer le positif.

Ah ! J'allais oublier :les chiens de rue ! Il n'y en a pas tant que ça en Argentina et au Chile – comparé à Peru, Bolivia – mais qu'est ce qu'ils sont chiants ! 
Ils surgissent de nulle part, se précipitent en aboyant vers la moto presque à se foutre sous les roues, puis te poursuivent en voulant te choper la jambe que tu leur balances pour les éloigner, en essayant de pas perdre l'équilibre bien sur ! Saleté de clébards !


Bref, est ce que je le regretterai ? 
Certainement qu’au début oui, surtout que je voulais vraiment parcourir le noroeste argentino à 2 roues qui a l'air sublime (quebrada de Humahuaca, valle de Calchaquies), et éventuellement pousser jusqu'en Uruguay qui est chiquitito et doit être faisable rapidos en moto...

Pendant un court instant, ma baisse de motivation passée, je me suis dit que j'étais prête à continuer et remonter jusqu'au lac Titicaca puis traverser toute la Bolivia (qui offre des paysages sublimes apparemment). Sauf qu'à cette époque de l'année, quand t'es à 3500-4000m snm en moyenne, c'est la même histoire : froid, possibilité de neige/verglas.... donc non !

J’aurais pu changer de plan et me diriger vers des climats plus cléments en montant vers le nord (Ecuador, Colombia), mais ce n’est pas ce que je veux faire, même si j’adore ces pays. Moi je veux découvrir ce que je ne connais pas, et terminer mi vuelta de Suramerica en mettant le cap sur Uruguay et Brésil !
Sans compter que j'ai vraiment envie de me faire une cure de maté après 3 mois au Chili!

Qispy aura été une super parenthèse que jamais je n'aurais imaginé faire dans ma vie, et je suis plus qu'heureuse de m'être lancée ! :D
Je veux retenter l’expérience plus tard, que ce soit de nouveau en America del sur ou ailleurs, idéalement avec un.e autre motard.e pour me pousser quand le doute m'envahit trop – au passage j'ai rarement vu des motos seules, souvent 2 ou 3, et encore moins des chicas !:)

Bref, après 9 mois depuis son achat, dont 8 en dehors du Paraguay, et plus de 15 000 km (15 391 km exactement) à travers 3 pays, je laisse Qispy entre les mains d'Ivan. Au passage, il est le président d'un moto-club créé récemment au Pérou, et du nom de Almas Nomades... pour moi, ça ne s'invente pas !:D

avec Viky, Ivan y ma Qispy
Et bien que je n'oublierai pas cette aventure, je garde quand même 2 souvenirs physiques : la carte routière avec mon itinéraire et la plaque :D

Allez, l'aventure continue !

PS : pour encore plus de lecture, j'ai envie de partager ce post de Lisa, une autre motarde française croisée dans la pampa argentina, qui résume bien les inconvénients (et avantages!) du voyage à moto

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