Argentina – RN 40, entre Bariloche et El Calafate, en passant par les « 73 malditos »

Malgré ma décision de ne pas aller jusqu'à Ushuaïa, je suis repassée en Argentina pour parcourir un peu plus la RN40 et descendre jusqu'à El Calafate et El Chalten , que je voulais à tout prix connaître (cf autres posts), avant de remonter vers Bariloche.
enfin la pause avec un panneau RN40 :D
Et pour atteindre ces 2 destinations, il a fallu traverser la fameuse pampa argentina: des routes droites sur plusieurs centaines de km sans rien croiser, traversant un paysage plat de chez plat...

la pampa comme je me l'imaginais...
"station service" de Bajo Caracoles...
c'est quand qu'on arrive?
Quand il fait beau – et sur ce point-là j'ai eu de la chance – ça va, mais quand le vent se lève, c'est une autre histoire. D’ailleurs c'est le seul coin où j'ai vu des panneaux comme ça:

c'est que ça doit bien souffler pour avoir créé un panneau spécifique...
Et si j'en ai pas eu tous les jours - heureusement – 1 jour j'y ai pas échappé entre Gobernador Gregores et Perito Moreno: je peux te dire qu'après 350km à lutter pour garder Qispy plus ou moins droite, je suis arrivée rincée, et je sentais plus mes poignets.
Ça soufflait si fort qu'à un moment, dans une descente malgré tout le poids, on n'allait pas à plus de 60 km/h !!!
Et quand je croisais des véhicules venant en face – bam ! Prends toi un mur ! – et quand des camions me doublaient et m'aspiraient dans leur sillage, je faisais pas la fière :s

Mais le vent n'a pas été mon pire ennemi sur le chemin: c'était sans compter sur ce très cher ripio-de-m***-casse-gueule -pour-les-motards qui s'est encore invité, et a bien failli me faire abandonner pour de bon cette fois. A peine 2 semaines après ma chute au Chili, j'ai connu la 3e, et là ouuuuuuuhhhhh que ça a été dur moralement ! 
La scène je te la décris pas, c'est toujours pareil : du ripio bien suelto – mais alors là on a atteint des sommets ! - un petit coup de vent qui te sort de la huella, et bim, sur le sol la Qispy !
Cette fois je suis tombée côté gauche (j'innove un peu), donc t'as droit à la photo :

et de 3!
même en voiture ça dérape parfois, tellement c'est dégueu!
Je savais à l'avance que j'allais devoir affronter du ripio et pas en super état – j'ai même mis Qispy en mode « ripio », c'est à dire avec le moins de charge possible pour faciliter la manœuvre...
Dans le jargon motard local, ce passage s'appelle les « 73 malditos » ou si tu préfères les « 73 maudits », ça en dit long, non ?
Au moins je peux essayer de me conforter en me disant que c’est presque « normal » que je sois tombée, parce que je suis pas la seule je le sais ...

Qispy chargée au minimum - si seulement je pouvais voyager toujours aussi léger...
Mais pourquoi je suis passée si je savais que ça allait être pourri ????!!!
Déjà c'est la route la plus directe pour rallier Gobernador Gregores à El Chalten/El Calafate, sinon compte dans les 400km de détour avec puro asfalto (mais je ne connaissais pas cette option par avance, sinon je l'aurais considérée)... 
Et puis je me disais que c'était l'occaz de passer outre cette appréhension que je commençais à développer vis à vis du ripio. Sauf que je suis tombée, et du coup l'impact a encore été plus dévastateur qu'une simple chute de plus.

Heureusement, en arrivant dans la petite station service de Tres Lagos, j'ai connu un ange, Mariela.
Mon casque posé, je commence à chialer du stress, de la peur, de nerfs, et elle n'a pas hésité une seconde à sortir de son comptoir pour venir me donner un abrazo, alors qu'on se connaît pas ! Et qu'est-ce qu'il a fait du bien cet abrazo – au passage, j'adore cette habitude qu’ont les sud-américains de se prendre dans les bras si facilement, ça fait du bien humainement! les free-hugs banalisés . 
Ensuite elle m'a offert una empanada, et on a parlé 2 heures en partageant des matés - le maté, ça aussi c'est une coutume géniale :D.

Mariela, mon "ange" de Tres Lagos qui m'a redonné le sourire
De quoi me donner de l'énergie pour poursuivre jusqu'à El Chalten, à 130 km de là; et le paysage était sympa aussi :

lago Viedma, en face
c'est pas ajd que je verrai le Fitz Roy...
vise un peu le bleu de l'eau!!!!
cordillera, ya voy!
Et c'est même Mariela qui a solutionné mon problème pour retourner à Gregores – un ange je te dis – car il était hors de question que je pilote de nouveau ces put** de 73 malditos !!!!
Elle en a donc parlé à son beau-frère pour me transférer depuis la station jusqu'à la fin du ripio: moi dans la voiture, Qispy dans une remorque, et pour un prix raisonnable (1500 pesos) ; de mon côté j'avais fait appel au MAI Argentina, mais n'ai pas eu de résultat.

après le bateau, la remorque!
avec le beau-frère et la soeur de Mariela, mes "sauveurs" :)
Donc voilà comment j'ai connu un ange au milieu de la pampa argentina, et sa famille tout aussi serviable : je suis presque contente d’être tombée au final, jaja !
Sérieusement, durant ce voyage j'apprends à toujours voir le côté positif d'une situation négative, et c'est grâce à ce genre de rencontres que ça devient facile à faire :)

Et j''en ai fait d’autres des rencontres sympas sur la route.
A Gobernador Gregores j'ai fait un couchsurfing chez Victoria, qui m'a proposé de venir parler rapidement aux gosses avec qui elle travaille, un bon moment de partage :

Victoria, mon hôte CS à Gregores


Et si j'ai parfois (souvent?) des doutes sur la possibilité de continuer mon aventure avec Qispy, que je me dis que j'ai trop d'affaires, mal réparties, quand j'ai croisé Claudia et Edwin, un couple de motoqueros de Colombia, ça m'a remotivée.
Et eux ont décidé d'aller jusque Ushuaïa dans un premier temps - et ils l'ont fait à l'heure où j'écris - puis de faire le tour de toute l'America del sur (les 13 pays) sur plusieurs années, mais avec des plus petites motos, et carrément un scooter !!!

le scooter de Claudia
la moto d'Edwin

Un autre enseignement de ce voyage : todo es posible ! Et c'est cette mentalité que j'adore en America del sur, et qui fait un bien énorme :)

J'ai aussi eu la confirmation que le monde est petit quand, par pur hasard, j'ai fait la connaissance de Lisa, une marseillaise qui m'avait contacté quelques mois auparavant via facebook pour avoir des renseignements pour éventuellement acheter une moto au Paraguay. Voilà pas qu'on s'est croisées dans le camping municipal de Perito Moreno! Et si tu veux suivre ses aventures à 2 roues, c'est ici.

le monde est si petit parfois
Bref, de gros doutes pour la suite de l'aventure moto, mais de belles rencontres...
Allez, on passe à autre chose et je vais t'en faire prendre plein les mirettes (et les gambettes, par procuration) : cap sur El Chalten !

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