Chuchumbleza – Le voyage est un long fleuve tranquille...

Tu te souviens que je n'aime pas forcément passer par les villes ? Ça tombe bien parce que Chuchumbleza – ce nom me fait rire/ y a que WA pour me faire passer par des coins pareils ! - se situe à des km de toute civilisation bétonnée. 
C'était d’ailleurs sport pour y arriver : après 6h de bus entre Cuenca et Gualaquiza (la ville la plus proche), j'ai dû prolonger le voyage par 50 minutes en ranchera.

une ranchera, c'est ça - équivalent d'une chiva colombiana
 pas beaucoup d'espace entre chaque rangée, un plaisir avec un gros sac!

Sans parler de la route qui était une piste pas toujours goudronnée, une bonne partie perdue dans les nuages, et avec plusieurs cascadas. En gros j'aurais pu ne pas faire le bosque nublado de Chugchilan et la ruta de las cascadas de Baños, si j'avais su ^^ 



Ce que je n'avais pas prévu/compris c'est que Chuchumbleza était à la limite de la partie Amazonas de l'Ecuador : moi qui ne voulais pas passer par la jungle, c'est raté !
Pourquoi  pas la jungle ? Parce qu'il fait chaud et humide, il pleut fréquemment, et que c'est le paradis de mes amis les insectes, dont les assoiffés de sang humain ! Aaaaahhhh ça faisait longtemps que je n'avais pas été piquée par ces foutus mismises/mosquitos!!! 

Bref, changement total de décor : après 2 mois à plus de 2000m – qu'est-ce que j'étais bien ! - je descends à 800 m ! Et en une journée je me suis pris une différence de 1700m dans la gueule, Cuenca étant située à 2500m.

ah bah oui, ça change de la sierra
un arcoiris, l'aspect positif de la pluie

Chuchumbleza possède son iglesia évidemment!
insectes qui aimaient bien butiner mon t-shirt (tant que c'était pas mon bras)
 Et parce que la journée devait être placée sous le signe de l'aventure, jusqu'à mon arrivée à la finca c'était sport : vive le bon pont en suspension où il manque quelques barrières, au cas où on voudrait faire le grand plongeon, ou pour rattraper le bateau-taxi peut-être...



Et après ce sont 5 bonnes minutes de crapahutage dans la selva, avec quelques passages bien boueux... Heureusement que le dueño de la finca avait une paire de botas à me prêter pour la semaine :)


oh la gadoue, la gadoue
la finca, enfin!
Le proprio justement : c'est un gringo des US, Peter – pas vraiment bavard et pas souvent là - qui avec d'autres amis a investi dans 2 terrains pour planter différents arbres fruitiers du monde entier. Bon peut-être quelques légumes mais principalement des fruits car lui et ses amis sont des « fruitariens » : en gros leur idée c'est de se nourrir uniquement de fruits crus, et pas (ou très peu) de cuisine...
Assez surprenant le premier jour quand tu vois le Peter s’enfiler une douzaine de maracuyas tels quels en guise de repas (trop acide pur moi, mais avec un peu de panela c'est bon) ^^

Du coup, je comprends pourquoi ils veulent cultiver des fruits, parce que pour l’instant il y a surtout des platanos sur la propriété. Du coup, mon apport à leur projet a été de planter quelques arbres (durian, pili, coco et autres dont je ne me rappelle pas le nom). Et autant la vie dans la jungle je pourrais pas, mais désherber à coup de machete j'ai bien kiffé ^^

coco, mon 1er arbre planté :)

très utile la machette dans un tel cadre
 Quand je plantais pas d'arbres, je faisais des tranchées dans le futur « potager » - je crois qu’il veut surtout cultiver des lechugas... - bah crois moi que sous le soleil et avec la chaleur c'est physique !

elles sont belles mes tranchées, non?
Sinon j'ai aussi récolté des naranjillas, qui ressemblent au lulo. Et apparemment Peter n'est pas fan, du coup tous les jugos que je ferai ce sera pour moi, mouahahahahaha :D 
Mais en fait il se trouve qu'il aimait bien, c'est juste que dans sa philosophie de vie – manger les fruits tels quels – ça passait pas, mais avec un peu d'eau et de panela, c'est autre chose :)

naranjillas
pas mal de piñas aussi, mais pas mûres malheureusement :(
 Le jour de mon arrivée, à l'occasion d'un rapide tour de la propriété, on a récolté quelques régimes de platanos, bien verdes, idéal pour faire des patacones – ça aussi il n'en aurait pas fait, mais il les a mangés quand j'en ai fait ^^ 

les petits sont des oritos, délicieux (et addictifs) une fois à maturité!

Sinon, un jour il a plu toute la journée – youhouuuuu... - du coup je me suis transformée en peintre d'intérieur, une première. J'ai fait de mon mieux, et ma foi on voit l'avant/après, c'est déjà ça :)

le coin "salon" que j'ai un peu rafraîchi (à gauche)
En ce qui concerne la vie dans la jungle, c'est vraiment pas ce que je préfère. Non pas à cause du confort sommaire, car il y avait quand même une douche, l’électricité, un coin cuisine. Mais le matelas à même le sol, la température qui varie - trop chaud pour le sac de couchage, trop frais pour juste un drap - et surtout les divers bruits nocturnes – insectes, souris qui font la fiesta dans la cuisine, grenouilles – font que ça n'a pas été la meilleure semaine niveau dodo (du coup je me suis rattrapée à Vilcabamba, le we d'après). Sans parler des cucarachas qui se baladent un peu partout :s

le coin cuisine
ma chambre
Toilettes sèches évidemment, mais la nouveauté c'est qu'on avait pas de PQ, sinon des feuilles, de je sais pas quelle plante... Après tout ça reste des feuilles :) 

mieux que ton triple épaisseur, je suis sûre ^^
coin compost des baños et de la bouffe
Sinon, en étant sur la berge du rio Zamora je pensais être un open bar pour les zancudos (moustiques), mais non ! Mais j'ai eu droit aux autres buveurs de sang, c'est pire !
En tout cas, ça m'a rappelait un peu le Cambodge toutes ces bicoques méga bruyantes qui passent à longueur de journée devant la finca, remontant ou se laissant porter par le rio. Et d'ailleurs les ecuatorianos du coin ne sont pas du tout typés andins : c'est marrant, un même pays, mais tellement différent.


Bref, j'ai testé le début de la jungle équatorienne, et je peux te dire que 1 semaine m'a suffi ! Je crois que je préfère vraiment les hauteurs :)

Cuenca – El Cajas, au pays des lagunas

La ville c'est sympa, mais c'est pas vraiment ce que je préfère. Et paraîtrait que pas loin de Cuenca – à 35 km – il y a le parque nacional El Cajas, abritant pas mal de lagunas. Par "pas mal"  je veux dire... 236 ! Et si tu englobes tous les corps d'eau présents (superficie < 1 ha) tu atteints les 2000 !
Après information à la oficina de turismo, possibilité de s'y rendre en bus (2$), sans passer par une agence. Du coup, après les iglesias, cap sur les lagunas! Surtout que l'entrée est gratuite, tu payes seulement si tu veux camper (4$/nuit).


Bon le temps ne semble pas prometteur, peut-être que ça va se lever... Mais même si j'ai envie d'y croire, sachant que je vais prendre de l’altitude, ça m 'étonnerait que ça aille dans le bon sens. Mais c'est pas grave, tant que je peux les voir mes lagunas....Et ça c'était pas gagné à l'arrivée au parc, vu le brouillard.  Mais ça pourra pas être pire que ce que j'ai connu à Tuquerres, en Colombia

laguna Toreadora
Déjà, la ruta 2 qui bien que difficile - ascension d'un sommet à 4200m – mais qui permet d'avoir une vue à 360° sur les lagunas environnantes, laisse tomber. Mais j'ai pas forcément envie de me contenter de la ruta 1, qui me paraît trop courte, je suis là pour marcher !
La ruta 3 m'a l'air pas mal, mais le départ ne se fait pas depuis le point d'enregistrement …

Chanceuse, un des guardaparque, me propose de le suivre jusqu'à ce qu'il bifurque pour faire son recorrido journalier. C'est pas de refus :)











Au final, Wilson a changé son itinéraire, et je l'ai suivi pendant 2/3 du temps. On est passé hors des senderos tout tracés, empruntant ni la route 2, ni la 3 mais on va dire la 2,5 ^^ Et c'était comme marcher sur une éponge géante par moments :D 



je ne sais pas ce que c'est comme plante, mais on dirait des bonbons :)
Non seulement j'ai appris des trucs, comme les noms des différentes lagunas croisées – mais je ne m'en rappelle pas, lo siento - mais j'en ai plus profité que si j'avais simplement suivi la ruta 3.

Wilson, le guardaparque
A la jonction avec la ruta 1, nos chemins se sont séparés et comme une grande j'ai tenté de rejoindre la carretera. Autant je trouvais que la señalizacion était top jusque là, autant les 3 fois où c’était pas clair, bah je me suis égarée.... Rien de grave, en revenant sur mes pas, j'ai fini pas trouver ma route, mais j'ai fini dans un état ! Autant te dire que la douche chaude à l'hostal a été plus qu'appréciée :D

paysage bien différent du reste de la rando


c'était pas toujours aussi clair :s
c'est quasi une autoroute qui traverse le parque
En tout cas, je regrette pas d’être allée au Cajas, car j'en ai vu des lagunas, et dans une ambiance particulière compte tenu du brouillard. Même si c'est certainement plus agréable sous le soleil – pour avoir des lagunas bleues/vertes - mais difficile à prévoir ça ! Et je suis super reconnaissante envers Wilson qui a plus joué les guides que guardaparque pour moi, et gratis :)

Cuenca – Iglesias, graffitis et objets de torture

Si j'ai voulu passer par Cuenca (2500m), bien que ce soit une ville, c'est que ça m'avait l'air de valoir le détour: après tout cette ciudad a été classée au patrimoine mondial de l'Unesco.
Et c’est vrai que son centre historiqu, entre ses (nombreuses!) iglesias et autres façades coloniales, est sympa.

y en a des iglesias!
Catedral Nueva, de dos
Catedral Nueva, de face - parque Calderon

iglesia Santo Domingo



templo San Sebastian
iglesia Todos Santos
iglesia San Alfonso


ruines cañari et incas de Todos Santos
La promenade le long d'un des 4 rios qui traversent la ville– sur l'avenida 3 de Noviembre, Maman c'est pour toi ;) -  est également agréable.


Mais bon, perso une journée – une matinée en réalité – ça me suffit ! En bonus, je suis allée jusqu’au mirador de Turi. Heureusement que c'était 0,5$ l'aller-retour en bus, car rien d'exceptionnel, peut-être parce qu'il faisait pas super beau... 

Cuenca depuis Turi
Au retour de ce mirador, je suis passée par hasard devant le museo d'histoire de la médecine... En général je suis pas trop musée, mais ma curiosité a été récompensée ! 


Bon j'ai pas été à fond dans tous les trucs exposés – je suis pas musée, je te l'ai dit - et je me suis dit qu'il fallait vraiment pas avoir le choix pour être opéré avec des trucs pareils ! Ou plutôt: heureusement que la médecine ne cesse de faire des progrès, car même si on me payait je sais pas si j'accepterais...

machine d'anesthésie
table d'opération
lit d'accouchement
la cocaine est un médicament donc...
Sinon, au détour de quelques rues, j'ai croisés un peu de street art pour mon plus grand bonheur – oui, je préfère nettement ça, à l'architecture coloniale !





j'approuve, forcément!

PS : j'avais croisé JC sur la ruta de las cascadas à Baños, tu te rappelles ? Bah là, j'ai même chopé son 06, enfin son 09 ! ^^