Argentina – Los Alerces, ma thérapie du ripio

Parmi les nombreux parques nacionales situés en Patagonia, un attirait particulièrement mon attention : le PN Los Alerces, vers Esquel à 300km, au sud de Bariloche .

A en croire les guides de voyage, c'est un des plus beaux PN et il est très peu visité (mieux d'avoir son propre véhicule en effet). Comme c'est sur ma route, autant en profiter pour faire un détour, surtout que j'ai trouvé un CS dans la ville d'Esquel :)
Sauf qu'entre temps, je suis tombée avec Qispy, et que désormais dès que je quitte l'asphalte je me crispe énormément, tout ce qu'il faut pas sur du ripio...Et il paraît que dans le parc c'est que du ripio, gloups... :s  Mais du bon apparemment...

Bref, après pas mal d’hésitations, la météo étant bonne, j'ai pris sur moi, et je me suis dit qu'il fallait que j'essaie de combattre cette appréhension, parce que sinon l’aventure moto allait tourner court - et oui, je sais bien que je n'en suis pas débarrassée de ce ripio...
Et puis si je me sens vraiment pas à l'aise, je fais demi-tour, tant pis pour le droit d'entrée à $250 (en vérité, j'ai réussi à payer le prix comme les nationaux, soit $125, jaja)...

Au final, j'ai fait dans les 60 bornes de ripio, et ça allait, j'ai en effet repris un peu confiance, c'est un bon début :)
Et niveau paysages alors ?! Parce que tu t'en fous de mes états d'âme à moto ^^

C'est vrai que j'ai vu de jolis coins, mais c'était pas exceptionnel... Blasée, moi ? Disons que je pense qu'en 1 journée c'est difficile d'apprécier toute la splendeur du coin.
Pour moi c'est un PN qui vaut le coup si tu as tout pour camper en autonomie et y passer 4-5 jours, ce qui n'était pas mon cas – et il commence à faire frisquet la nuit dans la région, donc camper ne m'attire guère.
Allez, je te laisse admirer les quelques recoins visités :

cascada Yrigoyen
pasarela rio Arrayanes
rio Arrayanes
aaaahhhh, ce bleu!!!!
un alerce, arbre qui donne son nom au parc
glacier Torrecillas, au fond
pas si verte, la laguna verde mais ça reste sympa :)
Le droit d'accès est valable 48h (si tu sors du PN), et te permet d'aller faire aussi un tour vers le barrage de Futaleufu qui alimente en électricité une bonne partie de la province de Chubut (jusqu'à Puerto Madryn, sur la côte atlantique!).
Et mon hôte CS, Mariana, m'y a gentiment emmenée – pour les locaux, l'accès au PN est gratuit - donc pas besoin de rouler plus sur du ripio. Une belle balade avant de reprendre la route pour atteindre Bariloche, l'aprem même.



du boiiiiiiiiis!!!! et y avait de belles pièces "sculptées" naturellement

rio Futaleufu
Mariana, mon hôte CS
Et voilà, fin de la parenthèse tourisme, désormais c'est retour à Bariloche, au Marco Polo Inn où je vais officier derrière « mon » bar pour 2 semaines, le temps de planifier le reste de l'aventure !!!!

Argentina – El Calafate : un tête à tête avec le Géant Blanc

Non je ne te parle ni du cousin germain du Yeti, ni de celui du vendeur de mais - je sais j'ai des supers références... - mais plutôt du (fameux) Glaciar Perito Moreno - beaucoup de lieux de la Patagonie portent ce nom, en hommage au scientifique Francisco Moreno (je te laisse googler ou wikipedier pour en apprendre plus ;) ).
Fameux parce que perso j'en ai beaucoup entendu parler de ce glacier – apparemment un des rares qui "avance" (2m par jour) et dont on peut observer les mouvements - c'est un genre d’incontournable de la Patagonia argentina.

Pour le coup, quel kif d’être indépendante niveau transport, car j’ai pu y rester le temps que je voulais, soit toute la journée de 9h à 17h  - au moins j’ai rentabilisé l'entrée dans le PN Glaciares qui s’élève à $500 (pesos argentinos) pour les gringos!!! - et pas seulement les 2h imposées par une quelconque agence de tourisme.
En plus la route depuis El Calafate, à 80km du parc, est bien sympa (pas de ripio!!!).

Si t'arrives du parking bas, ça te prendra 20 bonnes minutes pour arriver au mirador principal. 20 minutes à monter/descendre les passerelles, et pendant lesquelles tu te rapproches petit à petit d'un mur blanc, sans fin.
Et plus tu te rapproches, plus l’immensité du truc devient impressionnante. Je crois que c'est dans les 70m émergés, sur une longueur de 5 km.

et en face, un mur...
il en impose, ce Perito Moreno, non? :)
Pour toi c'est peut-être long 8h sur place (et je ne pensais pas rester autant à vrai dire), mais j'étais subjuguée par ce que j'avais devant moi – je t'ai déjà dit que je m'émerveillais facilement ? :)
Et je n'arrivais pas à réaliser ce que j'avais en face : on ne voit qu'un 10e de la hauteur totale (jusqu'à 700m de profondeur, oui !), et niveau étendue on parle de quelques 30km !!!


et c'est comme ça, voire plus profond, sur 30 km... si seulement je pouvais voler!
L'avantage d'être restée toute la journée, c'est que j'ai eu la chance de le voir s'exprimer ce géant: quelques rompimientos tout aussi bruyants que visuels, et aussi des tempanos (icebergs) qui font surface tu sais pas d'où, il faut être vachement attentif (et chanceux!).
Et puis le temps changeant fait que j'ai eu droit à un arcoiris, des grietas plus ou moins bleues, le changement de couleur de l'eau aussi...bref, j'ai kiffé ! :D

t'as vu ce bleu?!
arcoiris au fond
tempano qui a décidé de faire surface
reste d'un rompimiento récent et tout proche :)
avec le changement de lumière, le spectacle est permanent
Certes tu dois payer $500 d'entrée – ça équilibre la gratuité de l'accès à El Chalten qui fait partie du même PN – mais de mon point de vue, ça les vaut totalement.
Surtout que le réseau de passerelles qu'ils ont construit est très bien foutu pour déambuler et s'éloigner des foules – attention y a pas mal de marches, donc ça fait les cuisses, jaja

adios y hasta luego señor glaciar
Sinon mon passage par El Calafate aura aussi été l'occaz de 2 rencontres sympas avec : 
- Carlos, un motard qui fait partie du MAI Argentina et qui m'a aidé pour tenter de trouver une remorque pour Qispy pour traverser les 73 malditos


- les proprios de l'hostal où je suis restée car le dueño, Dario, est paraguayen, et n'en revenait pas qu'une Kenton (marque paraguayenne) puisse arriver jusqu'ici. Et quand je lui ai dit que j'étais sur le point de passer les 10 000km, ni lui, ni sa famille vivant au Paraguay ne le croyait !^^ (ah je peux en être fière de ma Qispy) 

viva Paraguay!
Bref, El Calafate sera le point le plus au sud que nous atteindrons avec Qispy, maintenant cap sur Bariloche de nuevo!

Argentina – El Chalten : 45 km à pied ça use, ça use...

Quoi de mieux que 4 jours à El Chalten, au pied de la cordillera, à randonner pour oublier mes mésaventures à moto ?

El Chalten ou la "montagne qui fume" en tehuelche
Après avoir repris le dessus sur ma chute sur les "73 malditos", j'ai donc poussé jusqu'à El Chalten, connue comme la capitale argentine de la rando. Et je dois dire que vu toutes les possibilités que le coin offre, ça peut se comprendre.
Et j'ai eu énormément de chance niveau météo pour faire 2 grandes qui m'ont permis d’apprécier un max le paysage m'entourant :)

Beaucoup campent au pied du Fitz Roy pour aller voir le soleil se lever, mais moi camper par un froid pareil, avec ma petite tente, no gracias (toute façon je l'ai laissée à Gregores)!
Mais comme apparemment un amanecer c'est à faire, je l'ai tenté depuis le mirador des condores, très facile d'accès depuis le centre, et c’était déjà bien beau (et moins fréquenté...).

il est 6h, El Chalten s'éveille...


Après un réveil comme ça - un des meilleurs desayunos du voyage :) - je suis ultra-motivée pour enchaîner sur une bonne rando, direction la loma del pliegue tumbado.
Apparemment elle est à faire par temps dégagé et sans vent... Difficile à prévoir ça, surtout en montagne, mais je sais pas pourquoi je le sens bien pour aujourd'hui. Et la chance m'aura souri car ça aura été comme ça :D

le temps est avec moi :D
Après 2h30 de montée constante, dont une dernière ascension de la dite loma bien pêchue, je suis accueillie par une vue dégagée à 360°, sans un souffle de vent (et juste un autre randonneur arrivé un peu plus tôt) I-DE-AL :D
Non seulement 360° mais vue sur le Fitz Roy et le cerro Torre (très souvent couvert) en même temps

oui, va falloir grimper la colline sur la gauche... mais y a un autre mirador à ce niveau si tu préfères
l'effort valait le coup, non?


avec mon super bonnet de Chiloé :)
Le lendemain, le temps est couvert mais je prends quand même la direction du fameux Fitz Roy donc.
Là aussi c'est de la montée constante mais moins de dénivelé, jusqu'à la dernière partie bien raide : ils te disent 1h, mais compte plutôt 1h30 parce qu'un dénivelé de 40% (à en croire leurs chiffres) sur un chemin caillouteux comme ça, c'est pas facile – j'imagine même pas le faire à la frontale !


buenos dias señor Chalten
le soleil voudrait-il s'inviter... :)
j'adore traverser des bosques comme ça :)

oui, il faut monter la colline que tu vois au milieu... 40%...
la steppe patagonica
En tout cas, le paysage à l'arrivée est une belle récompense ; perso, ça m'a un peu rappelé la laguna 69 au Pérou.

hola laguna de los Tres y Fitz Roy

pas mal le cadre pour siroter un matecito :)
Si tu veux pas camper, je te conseille de commencer tôt depuis El Chalten car à partir de 11h30 ça devient l'autoroute :s

adios señor Chalten , y gracias :)
Voilà comment marcher dans les 40 bornes en 2 jours, et pas sur du plat – j'ai pas perdu la forme, on dirait - et ça valait le coup :)

Sinon, il y a aussi des petites randos pour se mettre en jambe vers le mirador de los condores et celui des aguilas, ou el chorillo del salto.


El Chalten depuis el mirador de los condores
lago Viedma depuis el mirador de las aguilas
chorillo del salto (faut pas croire, mais y avait du monde)
Ou à l'inverse, un trek de 4 jours, le trek du huemul, qui apparemment te fait passer par des paysage somptueux... Je ne suis pas venue dans cette optique là, et c'est pas conseillé de le faire seul,car il y aurait des passages un peu costauds. Algun dia, tal vez...

Bref, ces quelques jours de rando, dans un tel cadre, ça fait du bien :D
Maintenant direction El Calafate !

hasta luego El Chalten!

Argentina – RN 40, entre Bariloche et El Calafate, en passant par les « 73 malditos »

Malgré ma décision de ne pas aller jusqu'à Ushuaïa, je suis repassée en Argentina pour parcourir un peu plus la RN40 et descendre jusqu'à El Calafate et El Chalten , que je voulais à tout prix connaître (cf autres posts), avant de remonter vers Bariloche.
enfin la pause avec un panneau RN40 :D
Et pour atteindre ces 2 destinations, il a fallu traverser la fameuse pampa argentina: des routes droites sur plusieurs centaines de km sans rien croiser, traversant un paysage plat de chez plat...

la pampa comme je me l'imaginais...
"station service" de Bajo Caracoles...
c'est quand qu'on arrive?
Quand il fait beau – et sur ce point-là j'ai eu de la chance – ça va, mais quand le vent se lève, c'est une autre histoire. D’ailleurs c'est le seul coin où j'ai vu des panneaux comme ça:

c'est que ça doit bien souffler pour avoir créé un panneau spécifique...
Et si j'en ai pas eu tous les jours - heureusement – 1 jour j'y ai pas échappé entre Gobernador Gregores et Perito Moreno: je peux te dire qu'après 350km à lutter pour garder Qispy plus ou moins droite, je suis arrivée rincée, et je sentais plus mes poignets.
Ça soufflait si fort qu'à un moment, dans une descente malgré tout le poids, on n'allait pas à plus de 60 km/h !!!
Et quand je croisais des véhicules venant en face – bam ! Prends toi un mur ! – et quand des camions me doublaient et m'aspiraient dans leur sillage, je faisais pas la fière :s

Mais le vent n'a pas été mon pire ennemi sur le chemin: c'était sans compter sur ce très cher ripio-de-m***-casse-gueule -pour-les-motards qui s'est encore invité, et a bien failli me faire abandonner pour de bon cette fois. A peine 2 semaines après ma chute au Chili, j'ai connu la 3e, et là ouuuuuuuhhhhh que ça a été dur moralement ! 
La scène je te la décris pas, c'est toujours pareil : du ripio bien suelto – mais alors là on a atteint des sommets ! - un petit coup de vent qui te sort de la huella, et bim, sur le sol la Qispy !
Cette fois je suis tombée côté gauche (j'innove un peu), donc t'as droit à la photo :

et de 3!
même en voiture ça dérape parfois, tellement c'est dégueu!
Je savais à l'avance que j'allais devoir affronter du ripio et pas en super état – j'ai même mis Qispy en mode « ripio », c'est à dire avec le moins de charge possible pour faciliter la manœuvre...
Dans le jargon motard local, ce passage s'appelle les « 73 malditos » ou si tu préfères les « 73 maudits », ça en dit long, non ?
Au moins je peux essayer de me conforter en me disant que c’est presque « normal » que je sois tombée, parce que je suis pas la seule je le sais ...

Qispy chargée au minimum - si seulement je pouvais voyager toujours aussi léger...
Mais pourquoi je suis passée si je savais que ça allait être pourri ????!!!
Déjà c'est la route la plus directe pour rallier Gobernador Gregores à El Chalten/El Calafate, sinon compte dans les 400km de détour avec puro asfalto (mais je ne connaissais pas cette option par avance, sinon je l'aurais considérée)... 
Et puis je me disais que c'était l'occaz de passer outre cette appréhension que je commençais à développer vis à vis du ripio. Sauf que je suis tombée, et du coup l'impact a encore été plus dévastateur qu'une simple chute de plus.

Heureusement, en arrivant dans la petite station service de Tres Lagos, j'ai connu un ange, Mariela.
Mon casque posé, je commence à chialer du stress, de la peur, de nerfs, et elle n'a pas hésité une seconde à sortir de son comptoir pour venir me donner un abrazo, alors qu'on se connaît pas ! Et qu'est-ce qu'il a fait du bien cet abrazo – au passage, j'adore cette habitude qu’ont les sud-américains de se prendre dans les bras si facilement, ça fait du bien humainement! les free-hugs banalisés . 
Ensuite elle m'a offert una empanada, et on a parlé 2 heures en partageant des matés - le maté, ça aussi c'est une coutume géniale :D.

Mariela, mon "ange" de Tres Lagos qui m'a redonné le sourire
De quoi me donner de l'énergie pour poursuivre jusqu'à El Chalten, à 130 km de là; et le paysage était sympa aussi :

lago Viedma, en face
c'est pas ajd que je verrai le Fitz Roy...
vise un peu le bleu de l'eau!!!!
cordillera, ya voy!
Et c'est même Mariela qui a solutionné mon problème pour retourner à Gregores – un ange je te dis – car il était hors de question que je pilote de nouveau ces put** de 73 malditos !!!!
Elle en a donc parlé à son beau-frère pour me transférer depuis la station jusqu'à la fin du ripio: moi dans la voiture, Qispy dans une remorque, et pour un prix raisonnable (1500 pesos) ; de mon côté j'avais fait appel au MAI Argentina, mais n'ai pas eu de résultat.

après le bateau, la remorque!
avec le beau-frère et la soeur de Mariela, mes "sauveurs" :)
Donc voilà comment j'ai connu un ange au milieu de la pampa argentina, et sa famille tout aussi serviable : je suis presque contente d’être tombée au final, jaja !
Sérieusement, durant ce voyage j'apprends à toujours voir le côté positif d'une situation négative, et c'est grâce à ce genre de rencontres que ça devient facile à faire :)

Et j''en ai fait d’autres des rencontres sympas sur la route.
A Gobernador Gregores j'ai fait un couchsurfing chez Victoria, qui m'a proposé de venir parler rapidement aux gosses avec qui elle travaille, un bon moment de partage :

Victoria, mon hôte CS à Gregores


Et si j'ai parfois (souvent?) des doutes sur la possibilité de continuer mon aventure avec Qispy, que je me dis que j'ai trop d'affaires, mal réparties, quand j'ai croisé Claudia et Edwin, un couple de motoqueros de Colombia, ça m'a remotivée.
Et eux ont décidé d'aller jusque Ushuaïa dans un premier temps - et ils l'ont fait à l'heure où j'écris - puis de faire le tour de toute l'America del sur (les 13 pays) sur plusieurs années, mais avec des plus petites motos, et carrément un scooter !!!

le scooter de Claudia
la moto d'Edwin

Un autre enseignement de ce voyage : todo es posible ! Et c'est cette mentalité que j'adore en America del sur, et qui fait un bien énorme :)

J'ai aussi eu la confirmation que le monde est petit quand, par pur hasard, j'ai fait la connaissance de Lisa, une marseillaise qui m'avait contacté quelques mois auparavant via facebook pour avoir des renseignements pour éventuellement acheter une moto au Paraguay. Voilà pas qu'on s'est croisées dans le camping municipal de Perito Moreno! Et si tu veux suivre ses aventures à 2 roues, c'est ici.

le monde est si petit parfois
Bref, de gros doutes pour la suite de l'aventure moto, mais de belles rencontres...
Allez, on passe à autre chose et je vais t'en faire prendre plein les mirettes (et les gambettes, par procuration) : cap sur El Chalten !