Pour mon 2e WA dans le pays, j'ai eu
l'occasion de participer à un projet initié par un français et un
américano-équatorien, Rémi et David : celui de construire
une « finca-escuela » pour promouvoir l'agro-écologie
auprès de la population locale, en résumé.
En ayant discuté avec Rémi, j'ai
appris qu'il avait fait une école de commerce, avait un peu travaillé
en marketing, puis avait décidé de partir visiter l’Amérique du
Sud. Et à coups de différents volontariats sur tout le continent,
après avoir partagé un bout de route avec David, 4 ans après ils ont décidé de lancer ce projet. Si ça me donne des idées?! Disons que
je trouve ça inspirant... :D
Bref, avant de pouvoir commencer à
cultiver/stocker pour être en autosuffisance et recevoir les finqueros du coin et autres viajeros curieux d'en savoir plus sur
la permaculture, il faut avoir des locaux... et c'est justement la
première phase du projet : construire de A à Z l'ensemble du
futur « complexe » (grange, cabañas, cuisine, serres, parcelles de culture), sans
aucune machine et de manière durable, avec des matériaux
naturels et locaux!
Ayant lancé le chantier depuis 2 mois,
mais voulant commencer à cultiver le plus rapidement possible, la
priorité était de construire le galpon (grange).
|
mon 1er jour sur le chantier |
La structure du galpon est en bambou
– ça m’aurait bien plu de participer à cette phase - les
fondations et murs seront faits en tapial – ou pisé, si tu
connais... - un mélange de terre argileuse et d'eau.
|
12 brouettes du tas de gauche + 6 du tas de droite pour 1 mix de tapial |
|
mix prêt à être mélangé à coups de pelle et houe! |
|
on ne perd pas une pelletée de tapial! |
Pour les fondations, y a qu'à remplir
les tranchées (creusées manuellement), puis tasser avec un pison,
qui pèse son poids! Perso, je n'ai jamais trop pratiqué le pison, je
préférais pré-tasser avec mes pieds :)
|
petite pause pendant la visite du Rotary Club |
|
Isobel et David, nos pisoneros professionnels :) |
Mais pour les murs on utilisera une
tapialera, un genre de caisse en bois, histoire de former les parois.
Ce qui implique de creuser les trous pour les piliers de
soutien, puis mettre en place la caisse. Pour le premier mur, un
maestro est venu aider à l’installation, et ensuite il a fallu
apprendre à faire seuls :s
|
Rémi et David suivent les instructions du maestro |
|
Sara et Kiri préparent les trous pour le prochain mur |
Parce que ça demande beaucoup
d’efforts de réaliser le mix puis de l'utiliser, c'est une tâche envisageable
que si on est au moins 4-5 à travailler. Et ça tombe bien car ma
première semaine on était 7, et de tous horizons : USA,
Irlande, Espagne et France donc :)
Et le mercredi il y a même eu une
minga – communauté à qui profitera le projet venant prêter main
forte - 5 personnes nous ont donc aidés pendant quelques heures, de
quoi pas mal progresser malgré la pluie. Dommage que cela n'arrive
pas plus souvent...
Une fois le mélange fait, 2 personnes
s'enferment dans la tapialera et ont pour objectif d'assez la remplir
pour pouvoir en sortir avant l'almuerzo ^^ Et les autres remplissent
et passent les seaux, je peux te dire que ça fait les bras !
|
David piégé |
|
Rémi et Franklin qui tassent le 1er mur |
|
on "embauche" tout le monde ! |
|
Guillem et Rémi, aidés par Alejandro |
Le mardi, le premier mur était fait et
je peux te dire que l'excitation et la curiosité étaient au rendez-vous pour voir le
résultat...
|
drum rolls.... |
|
on peut voir les différentes couches tassées |
|
de g. à d.: Isobel, Sara, Franklin, Kiri, Guillem, David et moi |
Du coup, objectif : essayer de
faire 1 mur par jour ! Pas facile... mais à coup de guarango
(alcool à base de "jus" de penco, une plante locale), limonada ou miel
d'aguacate, sans oublier la musique et la bonne humeur, ça a été
possible. Résultat le lundi suivant, 5 murs étaient bâtis :)
En parallèle, Rémi et Guillem se sont
occupés des bambous pour pouvoir commencer à faire le toit dès que
possible. Bon c'était pas vraiment « safety first » ...
|
je sais pas comment il faisait, mais Rémi était impressionnant à jouer les équilibristes si souvent sans filet de sécurité |
Bah oui, on est en Ecuador donc c'est
très système D. Par exemple, le camion que tu vois, c'était notre
échafaudage mobile, l'eau on la prenait chez le voisin, tout comme
l'électricité....
|
notre source d'électricité |
Je peux te dire qu'après une semaine à
faire du tapial, j'étais bien crevée – 8h-13h30, tous les jours,
et n'oublie pas que je suis à 2600m – et que je comptais me
reposer le we... mais j'ai décidé d'aller voir les lagunas !
"Heureusement" – mais dommage en même
temps – la 2e semaine nous n’étions plus que 3. Du coup, on
laisse le tapial, et ce sera rangement du chantier, et pose du toit
du galpon.
|
tôles trop grandes donc on coupe |
|
4 planches de bois posées en équilibre sur le bambou en guise d'appui... |
Et quand tu poses la première tôle,
tu n'as pas d’autre choix que de faire toute la moitié, autant
dire que ce fut une loooongue journée, surtout que le vent a eu la bonne idée de se joindre à nous. Bien plus éprouvante pour
Rémi et David que pour moi certes, mais mon corps se souviendra des
plaques de zinc vachement coupantes – et lourdes :s
En tout cas la fierté était là à la
fin, et ça a bien changé en 2 semaines, entre les 5 murs et la
moitié du toit.
|
ça prend forme progressivement |
Autre chantier entamé, les fondations
de la cuisine des volontaires. Première étape, dégager les
tranchées – à coup de houe et pelle - et creuser les trous (50 cm) – à
la barre à mine.
Deuxième étape : cimenter les
piliers – ce qui a impliqué de porter les piliers (bois d'eucalyptus - oui, il y en a ici) !
|
David et Rémi qui préparent le ciment |
|
c'est droit, le plomb a parlé |
|
la cuisine aussi prend forme petit à petit |
Même si sur ces 2 chantiers j’ai
plus été « assistante » que main d’œuvre, j'ai
appris vachement de trucs. Et je n'aurais pas eu que 3 mois en
Ecuador, je serais bien restée jusqu'à la fin de la construction,
pour encore plus en apprendre.
Par exemple, les murs de la cuisine
seront en bahareque : entre 2 piliers, tu poses deux treillages
en bambou, à l’intérieur desquels tu verses de la terre.
Quand j'étais pas sur le chantier ou
en mode touriste, c'était repos/détente à la casa, d'où on
pouvait apercevoir Quito-la-tentaculaire tous les soirs, assis autour
du feu. Et souvent profiter d'un ciel enflammé par le soleil
couchant...
|
les chevaux du voisin |
|
Ianto, le chien de David |
|
et c'était ça presque tous les soirs :) |
|
Quito au loin - c'est un flou artistique délibéré... ou pas ^^ |
|
ce feu, c'est moi qui l'est allumé, toute seule :D - merci Guillem et Sara pour la leçon |
Bref, je souhaite à Rémi et David
d'arriver à réaliser ce super projet, et je sais que j'aimerais bien
repasser pour voir le complexe fini, et en apprendre plus
sur la permaculture :)
PS : El Cubinche, là ou j’étais
exactement, est situé à quelques km de Cayambe, connue pour ses
fameux bizcochos (à base de farine et margarine). C'est simple t'as
une boutique tous les 5m sur l'avenue principale ! Et faut dire
que c'est presque addictif ces trucs...
|
ils sont pas restés intacts bien longtemps ^^ |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
allez laisse un ptit comm !