Chile- Cap sur le nord-est, ou mes dernières centaines de kilomètres avec Qispy....

Et oui, l'aventure à 2 roues va se terminer, de manière un peu brutale et prématurée... Mais avant d'aborder ce point, voici un résumé en photo de mon itinéraire entre Valpo et San Pedro de Atacama, soit plus de 1000 km parcourus en 5 jours. Dont les derniers à travers le fameux désert d'Atacama :

escale à Taltal, un peu d'eau avant la traversée du désert
vers Antofagasta

pause photo au pied de la "mano del desierto"
Et ça a beau être désertique (sic!), j'ai adoré parcourir tant de km sur la ruta 5 (Panaméricaine) au milieu de rien : ça a son charme, son attrait qui s'explique pas.

entre Calama et San Pedro de Atacama
en arrivant sur SPA
Arrivée à San Pedro, ultra touristique car porte d'accès à de nombreuses merveilles naturelles (geysers, lagunas, valle de la luna...), le climat va accélérer la fin de l'aventure avec Qispy..
Je n'ai pas joué les touristes : j'ai préféré me reposer (après tous les km parcourus) et j'ai déjà eu l'occasion de voir des paysages très semblables quand j’ai fait mon excursion dans le Sur Lipez enBolivia, qui d'ailleurs se situe juste de l'autre côté de la cordillera :)

au loin le volcan Licancabur, j'étais de l'autre côté en mars 2017 (déjà!)
Le plan initial était de repasser en Argentina, depuis SPA, via le Paso de Jama se situant en pleine cordillera, à quelques 4200m snm... Le problème c'est que dès le lendemain de mon arrivée, les autorités ont fermé l'accès au paso pour cause de neige ! L'hiver s'est invité avec un peu d’avance, bouleversant totalement mes plans :s

J'aurais pu attendre encore quelques jours – jusqu'au 17 juin par exemple – et voir s'ils le rouvraient momentanément, mais après 3 jours de fermeture, je me suis dit que ça n'allait pas s’arranger.
Entre temps, j'ai commencé à me dire que même ouvert, je n’étais peut-être pas prête à relever ce défi, et plusieurs facteurs me faisaient appréhender le trajet. Comme :
- l'altitude : la frontière même se situe à 4200m snm, mais sur le chemin il faut passer par un col à 4800m snm ! Et les ¾ de la route se fera à plus de 4000 msnm.
Jusqu’à présent mon corps s'est adapté, mais randonner à plus de 4000m snm c'est différent de piloter. 
ET Qispy ?! La raréfaction de l’oxygène jour sur la puissance de la moto, il faudra affronter un dénivelé de +2400m, avec toute la charge que j'ai... 

- le froid : SPA est à 2400 m snm et il fait pas vraiment chaud, alors à plus de 4000 msnm... j'aurais accumulé les couches de vêtement, mais aurait-ce été suffisant ? Et puis il doit certainement y avoir du verglas sur la route, et ça, ça le fait pas..

- le vent : dès mon arrivée à SPA, le vent soufflait bien fort, et passés les 3500 msnm, ça devient vraiment violent, donc dangereux pour les motos. Sans parler de la sensation de froid ressentie

- la distance : initialement je comptais rallier le bled de Susques, à moins de 300 km de SPA... mais situé à 3900 msnm. Vu ce que ça pouvait impliquer – froid, neige, verglas durant la nuit - je me suis dit qu'il faudrait peut être mieux pousser jusqu'à Purmamarca, à plus de 400km, mais à 2400 msnm donc plus « chaud ».
Même si je parcours plutôt entre 250-300km par jour, je sais que je peux faire plus de 400 km ponctuellement, mais pas à cette altitude qui implique d'aller moins vite, donc un voyage trèèèès long

- l'essence : entre le réservoir plein et mon bidon de 5litres j'ai une autonomie de 300km. Maps.me et Google Maps indiquent qu'il y aurait de quoi se ravitailler à Jama, le bled frontalier, et Susques. Mais impossible d’être sure que les bencineras soient toujours ouvertes et surtout aient du combustible. Ce serait sympa d’être en rade en pleine cordillère, à plus de 4000m...
Bref, pas mal de facteurs qui m'ont quitté le sommeil pendant quelques nuits. Et j'ai réalisé que si je ne me sentais pas en confiance, il ne valait mieux pas tenter l'expérience.
En plus, quelques motoqueros m’ont confirmé que même en été, c'est pas facile comme traversée. Ceci dit ça doit être magnifique... Mais ce sera pas pour cette fois, pas maintenant, pas avec Qispy, pas dans ces conditions.

Mais qu'est-ce que je fais alors ?  
On est le lundi 11/06, je DOIS sortir du Chili max le 19... je pourrais redescendre jusqu’à Santiago (très loin) mais le paso des los libertadores (autre traversée de frontière très empruntée vers Mendoza, Argentina) est aussi fermé... Impossible de me rendre en Argentine depuis le Chili ! 
Chose que j'avais craint quand j'étais à Bariloche et qui me faisait douter quand à passer au Chili de nouveau plutôt que laisser Qispy en Argentine, et aller à Valpo (ce que je voulais vraiment connaître du Chili) en bus.
J'ai voulu tenter et voilà où j'en suis ; MAIS je ne regrette pas car j'ai pu faire de supers volontariats sur la route et profiter de beaux paysages.

La décision est prise: je vends la moto ! 
Je t'expliquerai plus pourquoi cette décision radicale dans un autre post, d'abord comment ça se termine.

Le hic c'est que Qispy vient du Paraguay, et des motoqueros chilenos m'ont expliqué que j'aurai peu de chances de trouver un acheteur : car en plus du prix d’achat, il faudra payer pour régulariser les papiers.. et Kenton est une marque inconnue ici, alors que les jap' (Yamaha, Honda) sont très communes et jouissent d'une meilleure réputation que les moteurs chinois....
Même prête à vendre bien bas, mon visa touchant à sa fin, il ne me semble pas rentable de le prolonger (en payant une certaine somme) sans être sure de pouvoir vendre.
Patricio, motard qui m'a hébergée à Calama, me suggère alors de passer au Pérou : cela pourrait être plus facile de vendre, et ça résout le problème de mon visa car j'aurais 90 jours (même si l'idée n''est pas de rester autant : je veux continuer mon voyage moi!).

Du coup, je retourne sur mes pas et quitte SPA en direction du Pérou, quelques 800 km qui m’offriront de jolis paysages à nouveau. Cap sur Tacna, la ville frontalière où Ivan, ami de Patricio, est prêt à me recevoir le temps nécessaire pour que je règle tout ça. 

bye SPA; au loin la cordillère dans les nuages, synonyme de neige...
ruta 1, le long de la costa entre Tocopilla et Iquique - c'était bien sympa, mais ça doit être top par beau temps
Elise, une autre motarde française en solo, croisée en plein désert :)
entre Iquique et Arica
Peru, qui sera la terre d'accueil de Qispy
Malheureusement, et contrairement à ce que les chilenos m'avaient dit, la vente de Qispy ne sera pas plus facile côté peruano. Pour les mêmes raisons : plaque du Paraguay et marque inconnue ! Et ce qui me fait rager c'est quand les peruanos aussi me disent que « si ça avait été une jap', quelqu'un aurait accepté de l’acheter et falsifier les papiers... » mais pas avec une chinoise !
Je pensais que ça pourrait être plus facile dans el campo : mais la policia sait que c'est là bas que se retrouvent les véhicules volés ou illégaux...
Juste pour vérifier : si je voulais entamer les démarches légales pour nationaliser Qispy, il aurait fallu faire un monton de tramites qui m'auraient coûté dans les 500 US$ !!! Même avec les papiers, je ne pense pas que j'aurais obtenu ce prix !

Après quelques nuits à cogiter sévère – j'ai pas eu un sommeil très calme ces dernières semaines...- j'ai donc décidé d'offrir Qispy à Ivan - oui offrir = cadeau, gratos, nada - pour qu’il s'en serve directement (s'il veut prendre le risque) ou indirectement (la vendre, vendre des pièces et obtenir quelques soles lui qui vient d'avoir un bébé avec sa compagne).
Ce que j'espère c'est n'avoir aucun problème à ma sortie du Pérou sans la moto, ou plutôt la prochaine fois que j'y reviendrai...

Et si tu te demandes pourquoi je ne ramène pas Qispy dans sa contrée paraguayenne, où je la vendrai sans problème ? Parce qu’il faut l’atteindre le Paraguay ! 
Outre la distance, c'est surtout que je suis à l'ouest de la cordillera, et que si je veux aller à l'est faut la traverser, mais en hiver c'est pas vraiment faisable... enfin, je veux pas prendre le risque, tant pis si je rate des paysages somptueux.

Ce qui me chagrine un peu est de laisser une bécane en bon état sans être sure que quelqu’un va pouvoir en profiter, tout comme ne rien pouvoir gagner en revendant casque, veste, outils... todo es muy barato à Tacna (zone franche), du coup je laisse tout à Ivan pour la modique somme de 25€ !
Mais au moins je peux continuer mon voyage (ce qui compte pour moi), de nouveau en bus : 3eme aventure dans l’aventure :D

Ces dernières centaines de km depuis Valpo auront été également marquées par de chouettes rencontres avec les motards m'ayant hébergée :

avec Marcelo "Chaval" à La Serena
avec Ramon à La Serena
chez Marco y Mally à Iquique
avec Darkanyelin, la fille de Mally
vivre France vs Pérou au Pérou...
... c'était risqué! du coup j'en suis sortie le soir même ^^
Maintenant je vais t'expliquer pourquoi je me sépare de ma chère camarade de route ;)

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