Si on est à quelques 100 km à vol
d'oiseau de Rio de Janeiro – entre Petropolis et Miguel Pereira -
il faut quand même compter 2h30 de voyage : les 10 derniers km
traversent une partie de la réserve biologique du Tingua, et sont
dignes du Dakar !
Mais la Nature règne en maître, c'est
vert, des petites cachoeiras bien cachées permettent de se
rafraîchir avec bonheur loin des touristes et du barulho da cidade, idéal pour recharger les batteries :)
mata atlantica bien dense sur la route :) |
O Vale das Princesas, nom poétique |
cachoeira 1, bien frâiche |
cachoeira 2, où Miro (le chien) a adoré plonger à la poursuite de ses bâtons |
Je suis donc arrivée chez Julia et
Bernardo, qui après avoir plaqué leurs boulots et la vie citadine de Rio, ont pris
leurs mochilas et sont partis vagabonder durant 1 an et demi à
travers le monde, en faisant quelques volontariats axés
permaculture. Et c'est bien leur histoire, que j'ai lu attentivement
sur Workaway, qui m'a donné envie de les connaître et de venir
donner un coup de pouce à leurs projets. Je serai la première
volontaire officielle, et j'espère la première d’une longue
série.
Si le premier jour, j'ai commencé à
aider un peu à planter, je me suis vite dédiée à la
bioconstruction, pour mon plus grand bonheur. Je me rends compte
qu'entre apprendre à planter et construire, je préfère la seconde
option (même si je veux apprendre à planter pour avoir ma petite
huerta dans le futur)
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j'étais fascinée par le mouvement ondulatoire, et le style, de cette chenille "punk" :D (photo Ju) |
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transplantation de bambou avec Fischer (photo Be) |
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savez vous planter... (photo Ju) |
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... à la mode de chez nous! (photo Ju) |
Et mon séjour à Looping Rural – le
nom du terrain – aura été un des meilleurs car j'y ai utilisé
mes mains, développé ma « créativité », le tout à
base de système D! Il était temps de mettre en pratique les
enseignements reçus dans d'autres WA.
Tout est parti du fait que pour accéder
à la 2e maison – où je dormais – il n'y avait qu’une pente en
terre, devenant glissante et peu pratique par temps de pluie (il
pleut régulièrement ici, c'est un micro-climat). Quelques
« marches » étaient à peu près définies, et donc je
me suis dit que j'allais plus creuser pour mieux les marquer.
Jusqu’à ce que Julia me montre une photo d'escalier avec des
bambous pour délimiter les marches : huh huh, intéressant. Et
pourquoi pas ? Il est vrai qu'ici il y a plein de bambous :)
C'est donc parti pour de la totale
impro en bioconstruction, avec pour seule indication la photo... Va
donc falloir couper le bambou à la source (machette), le scier (scie
manuelle), et surtout trouver comment faire pour que tout le bidule
de bambou tienne en place... Après plusieurs minutes de réflexions
et idées, je décidé que je n’attacherai entre eux que les 2
bambous horizontaux (tu vas comprendre), et le reste on comptera sur
la terre bien compactée pour tenir le tout en place.
OK, mais comment tu les attaches
ensemble?? Si possible de manière durable, mais surtout avec les
moyens du bord, car il n'y a pas de Mr.Bricolage au coin de la rue ici!
Corde ? Oui, mais comment faire un bon nœud... Nylon ? Moins visible, on perce les bambous, mais pour le passer le nylon et faire un nœud solide... EUREKA !!!! Arame !!!! Ce cher fil de fer si cher aux sud-américains, avec lequel ils réparent tout ! OK, c'est pas très « bio » mais ça remplira la fonction.
Corde ? Oui, mais comment faire un bon nœud... Nylon ? Moins visible, on perce les bambous, mais pour le passer le nylon et faire un nœud solide... EUREKA !!!! Arame !!!! Ce cher fil de fer si cher aux sud-américains, avec lequel ils réparent tout ! OK, c'est pas très « bio » mais ça remplira la fonction.
Donc une fois les marches marquées,
j'ai planté les bambous verticaux, puis c’est parti pour scier et
assembler les paires de bambous horizontaux : scie !
Perceuse ! Fil de fer ! Pince !
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plantage des bambous verticaux (photo Renato) |
tu comprends l'idée maintenant? manque plus que les pierres et combler avec la terre |
Bref, après 4 jours de travail, sous
le soleil ou la bruine, mon premier escalier de terre/bambou voit le
jour, et je peux te dire que j'étais pas peu fière (je le suis
toujours au moment de te le raconter par écrit)! Et Julia et
Bernardo étaient également satisfaits, l'essentiel, non ?
C'est dans ce genre de situation que tu
comprends la situation gagnant-gagnant que je génère le
volontariat : mes hôtes ont obtenu un escalier facilitant
l'accès à la maison, et moi j'ai pu laisser s'exprimer mon Homo
Faber, et fabriquer quelque chose d'utile en mode système D!
Fière du résultat, et ultra motivée,
j'ai décidé de m'attaquer à un 2e escalier, un peu plus long (18
marches) cette fois pour mener à la composteira. Là aussi la pente
de terre peut devenir casse-gueule, surtout quand tu transportes
un container rempli de déchets organiques. Ayant retenu les quelques
« erreurs » du premier chantier, ce sera déjà plus
organisé cette fois-ci.
1er jour : on délimite les
marches et on installe les bambous verticaux
2e jour : on scie et on assemble
les bambous horizontaux (toujours avoir un plan B, n'est-ce pas Ju?)
3e et 4e jour : on installe les
bambous et on comble les espaces en compactant la terre
Le tout en jouant avec Miro évidemment,
qu'est-ce que j'aime ce chien (et cette race, les border collie) !:D
Et le résultat est le suivant, avec approbation de Miro:
Bon, c'était pas parfait évidemment,
mais c’était fait et fonctionnel. Et surtout JE l'ai fait, toute
seule (avec de l'aide pour préparer les bambous)! Si 3 ans en arrière quelqu'un m'aurait dit qu'un jour
je ferais ça, je lui aurais bien ri au nez !
J'ai aussi utilisé mes acquis de
peintre d'intérieur pour ce qui sera l'atelier/espace de
travail :
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j'ai pas encore compris que la peinture c'est sur le pinceau, pas sur les mains, ni la chemise! (photo Ju) |
Puis j'ai même « fabriqué» une
boite aux lettres. Ou plutôt j'ai improvisé à partir d'un …
tiroir – système D, quand tu nous tiens ! :)
Et dans le feu de l'action je me suis
même essayé à la restauration de 2 chaises en bois : soyons
fous ! La première c'était OK a priori. Mais la 2e n'a pas
tenu, et je pense savoir pourquoi (me manquait une presse pour
laisser la colle bien prendre pendant 24h).
Moi qui avait peur d'utiliser une scie
il y a 1 an (oui, oui), maintenant je sais utiliser la plupart des
outils communs pour faire des trucs basiques... et moins classiques !
Et j'adore !!! Pour cette raison, je suis vraiment
reconnaissante envers Julia et Bernardo qui m'ont accordé leur
confiance et m'ont laissé expérimenté :D
Bref, un lieu incroyable en pleine
nature, un couple adorable et généreux – ce fut une rencontre
forte - avec plein de projets, leurs amis tout aussi boa vibra, la révélation
de mon Homo Faber, des soirées autour du feu, des discussions
intéressantes, pleins de livres (j'en ai lu 4, em portugues, sim).
Ajoute à cela une nourriture caseira muita saborosa:
voilà la recette pour un volontariat excellent, et un qui restera
parmi les meilleurs de tous ceux que j'ai pu faire en 3 ans de
voyage (plus de 40)!
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avec Fischer et Renato, le papa de Ju (photo Be) |
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farofaaaaaaa!!!! (photo Ju) - oui, j'aime beaucoup! |
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dernière soirée autour du feu (photo Amar) |
Certes je n'ai pas fêté le Carnaval
comme c'était mon objectif depuis des mois, mais (rien n'arrive par
hasard et) je suis heureuse d'être passée par Looping Rural :
muito obrigada para tudo Ju e Be :)