A priori Oruro ne paraît pas vraiment
intéressante, plutôt moche et rien à faire, à part l’événement
annuel du Carnaval, durant lequel je tenais à tout prix à trouver
un volontariat. Pourquoi ? Parce que ce serait le 2e plus grand
carnaval d'Amérique du Sud, mais c'est surtout le seul qui est
répertorié au Patrimoine Oral et Immatériel de l'UNESCO depuis
2001. C'est donc que ça doit valoir le coup d’œil... et je te
confirme que oui, patience pour en savoir plus ;)
2e plus ancienne du pays, Oruro est
riche historiquement, quasi tout tourne autour du Carnaval, et le
mélange des croyances andines avec la religion catholique donne lieu
à un folklore très intéressant.
Pour en apprendre un peu plus j'ai
commencé par faire le free walking tour proposé par l'hostal
où je suis volontaire - Hostal Graciela.
On commence par la plaza Jach'a Flores
- un compositeur orureño - point de départ du Carnaval.
statue de Jach'a Flores au loin |
On peut y voir 2 fresques
représentant l'identité de la ville :
- une mêlant l'activité minière –
qui a fait la richesse de la ville dans le passé – et l'héritage
andin
- l'autre relatant la victoire de la
Virgen sur les 4 fléaux envoyés sur la ville par un demi-dieu
mécontent (lézard, vipère et crapaud géants ainsi qu'une nuée
de fourmis).
on s'active pour faire le grand ménage! |
Ensuite
direction la Plaza de la Union, lieu où TOUS les mineros du pays
(Oruro, Potosi, La Paz) se réunissent quand ils décident de
manifester contre le gouvernement.
On
remonte vers la Calle La Paz, lieu intimement lié à la préparation
du Carnaval car c’est ici que tous les bordaderos confectionnent
les différents costumes (18 types de danses, donc autant voir plus
de types de costumes, multiplié par le nombre immense de
participants). Et quand tu sais que tous sont fait entièrement à la
main, perle par perle, c'est impressionnant. Et tu comprends que pour
la plupart des orureños, même si c'est une fierté de participer au
Carnaval, c'est aussi souvent un sacrifice financier car un costume
peut se payer en centaines... de dollars US ! Mais la dévotion
envers la Virgen del Socavon ça n'a pas de prix...
Et
à divers endroits on a croisé des orureños en plein essai de
trajes :
y a pas d'âge pour participer |
On
passe rapidement par la Plaza de la Rancheria, qui paie pas de mine,
mais qui est pourtant la place où fut fondée la ville en 1606.
Ensuite
direction la Plaza Avaroa et le Faro de Conchipata, qui commémorent
la « guerre » du pacifique de 1979, durant laquelle la
Bolivie a perdu son accès à la mer en faveur du Chili (d'où
l'édification du phare). D’ailleurs certains préfèrent parler
d'invasion plutôt que de guerre, car il n'y a pas eu vraiment
d’affrontement, le Chili ayant décidé d'attaquer un 19 février
soit en plein Carnaval, quand le pays était occupé à tout autre
chose... fin stratèges ou lâches les chiliens ? ^^
Avaroa au centre, avec le fusil |
c'est ici que fut montré pour la 1ère fois le drapeau actuel du pays |
On
traverse ensuite l'immense mercado Fermin Lopez : comme c'est
samedi ça grouille dans tous les sens. Ici aussi tu as un mercado de
brujas, où tu peux acheter de quoi faire des offrandes à la
Pachamama ou au Tio, l'entité régnant au sein des mines.
Quotidiennement les mineros lui demandent la permission de travailler
au sein de la mine et lui offrent diverses choses comme des feuilles
de coca, des cigarettes, de l'alcool...
toujours ces pauvres lamas sacrifiés |
Avant-dernière
étape de ce tour, mais pas des moindre, l'iglesia del Socavon, point
central du Carnaval (et fin du défilé) en hommage à la Virgen du
même nom.
Apparemment
chaque danseur y entrera à genoux et effectuera un circuit jusqu'à
l'autel de cette manière...
Ce
qui m'a beaucoup plu dans cette iglesia c'est le mélange andino-chrétien, ou cristo-andin
pour une fois c'est pas JC sur sa croix qui est honoré |
Voici
la légende en version express : il était une fois Chiru Chiru,
un genre de Robin des Bois qu volait aux capataces – les gens
fouettant les esclaves de la mine – pour redistribuer aux esclaves.
Une nuit il fut grièvement blessé, et parti se réfugier et
agoniser près d'un des socavones de la mine. Le lendemain quand son
corps fut découvert, on y vit également l'image de la Virgen dont
personne ne pouvait expliquer l'origine... et depuis elle est la
patronne des mineros.
Au
loin, on aperçoit l’immense statue de la Virgen, qui méritera une
visite un autre jour
On
finit ce tour par la Plaza 10 de Febrero, place centrale où une
grande partie des orureños vient se caler la journée, histoire de
passer le temps :)
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